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comme les autres grégarines, le travail habituel d’enkystement et de sporulation. On peut voir là une sorte de génération sexuelle rudimentaire qui vient interrompre la série des sporulations à germes ordinaires. Ce phénomène est-il général ? Est-il seulement peu répandu ou tout à fait rare ? On n’en sait rien. La reproduction par spores reste donc le procédé de choix pour la propagation des grégarines.

Ce n’est qu’à travers mille erreurs et mille difficultés que l’on est arrivé à bien connaître toutes les circonstances de cette délicate opération. La grégarine s’y prépare par l’enkystement. Libérée de ses connexions avec le revêtement intestinal, amenée, comme nous l’avons dit, à l’état de sporadin, elle ne tarde pas à se contracter en boule et à s’entourer d’une coque protectrice au dedans de laquelle elle pourra se livrer, avec tranquillité, au travail de la sporulation.

Celui-ci comprend deux degrés et s’accomplit en deux temps : le premier correspond à la formation des spores aux dépens de la masse enkystée. Ces spores sont d’abord des masses nues (sporoblastes), puis entourées de deux membranes (sporocystes). La seconde phase répond à la formation des jeunes grégarines ou sporozoïtes aux dépens de chaque spore. En général, la masse enkystée fournit un nombre considérable de spores par division du noyau primitif en noyaux filles et en cellules filles. Au contraire, chaque spore fournit un nombre fixe de sporozoïtes, ordinairement huit. Ces jeunes grégarines présentent, à ces débuts, un aspect assez caractéristique pour que A. Schneider l’ait fait servir à l’établissement des genres. Elles ont la forme de petits barillets chez les clepsidrines : le plus souvent elles ressemblent à des navettes de tisserand, ou navicules. Elles sont mobiles, susceptibles de vifs mouvemens de flexion et de détente. Introduites avec les alimens dans le tube digestif de l’hôte, chacune pénètre, par effraction du plateau épithélial et bris de clôture, dans une cellule de l’intestin, y passe une partie de sa jeunesse, puis achève sa croissance hors de cette cellule et seulement accrochée à elle par son renflement céphalique. Le cycle évolutif est tout entier accompli.

L’évolution ne se produit donc point tout entière dans le corps de l’hôte. Elle comporte un passage obligatoire dans le milieu ambiant à l’état de kyste, dont la maturation est impossible sans cela. On voit assez, sans que nous y insistions, combien cette circonstance est favorable à la dissémination de l’espèce. L’animal infecté rejette continuellement des kystes qui mûrissent dans le milieu ambiant et qui,