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manière de voir. Elle entraîne immédiatement une conception particulière de la parthénogenèse et de sa place dans le développement phylogénétique des êtres vivans.

On pourrait signaler bien d’autres notions d’un intérêt général évident, qui découlent de l’examen des sporozoaires. Mais il ne convient pas de promener plus longtemps notre lecteur dans ces régions un peu arides. Il faut maintenant revenir à l’histoire concrète des deux groupes, grégarines et coccidies.


>I

Les grégarines offrent un intérêt purement zoologique. Ces parasites s’attaquent exclusivement aux animaux de l’embranchement des annelés, aux insectes, crustacés, myriapodes et vers. La pathologie humaine n’a rien à voir avec eux. L’homme et tous les vertébrés en sont exempts : les mollusques en sont également indemnes : en revanche, comme nous allons le voir, les uns et les autres sont exposés aux invasions des coccidies. C’est ne rien gagner au change.

Les grégarines sont extrêmement fréquentes chez les insectes. Elles s’y présentent, ordinairement, groupées dans l’intestin et quelquefois appliquées à l’extérieur de ce canal. On s’explique donc que ce soient des entomologistes qui en aient rencontré les premiers exemplaires et qui les aient fait connaître. Les plus anciennes descriptions sont dues aux Allemands Ramdohr et Gaede. Bientôt après, c’est-à-dire entre les années 1826 et 1837, vinrent les observations d’un autre entomologiste bien connu, Léon Dufour, qui, ayant passé sa vie à disséquer des insectes, n’avait pas manqué de se trouver souvent en présence de ces parasites rudimentaires. C’est lui, d’ailleurs, qui a été le parrain du groupe. Il a créé le nom de grégarines pour exprimer, précisément, que ces êtres se présentent en troupes nombreuses et plus ou moins serrées.

Tous les insectes ne sont pas également exposés à l’invasion grégarinaire. Ceux dont toutes les phases de la vie sont aériennes sont rarement infectés par ces parasites. Au contraire, ceux qui vivent dans le sol, au moins à l’état de larves, comme lever blanc du hanneton, ceux dont l’habitat est le fumier, la terre humide, ou même les eaux, comme les diptères, les hémiptères et les névroptères, sont fréquemment envahis. Les myriapodes qui vivent sous les pierres, à l’obscurité, sont encore plus sujets à l’infection : quelques-uns hébergent jusqu’à trois espèces ; ils sont une véritable mine de