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opposition à tous les autres dont le corps est un édifice cellulaire complexe. Il en résulte que toute découverte faite sur leur organisation éclaire, par cela même, la biologie de la cellule, c’est-à-dire de l’élément universel des êtres vivans.

Il n’y a pas de progrès qui soit insignifiant, dans cet ordre d’idées. C’est ainsi que l’étude des grégarines a fourni des enseignemens précieux pour la théorie de la génération. On a décrit, en effet, chez quelques-uns de ces animaux, un procédé de génération dont on n’avait guère d’exemple que chez certaines algues inférieures, telles que les Zygogonium, c’est-à-dire chez les plus simples des végétaux. Ce mode de reproduction est la conjugaison totale isogamique. Les deux conjoints qui s’accouplent, — les zoologistes disent : les gamètes, — sont des grégarines adultes, identiques entre elles, qu’aucun caractère sexuel ne distingue l’une de l’autre en mâle ni femelle, qui sont, en un mot, isogames. Dans ces noces totales, ils ne se contentent pas d’échanger et de mettre en commun quelque particule extraite d’eux-mêmes : ils se mêlent et se confondent tout entiers l’un dans l’autre : ils fusionnent intégralement leurs substances et forment ainsi un être nouveau qui est, à la fois, la somme et le mélange des deux autres. Phénomène remarquable, qui n’est possible, précisément, que parce que ces êtres sont de simples cellules. Il offre cet intérêt de nous montrer le premier stade, dans la série des procédés qui établissent la transition de la reproduction asexuée ou par spores à la reproduction sexuée ou par œuf.

Un autre exemple de contribution apportée par l’étude des sporozoaires à la Biologie générale est fourni par une observation de A. Labbé. Ce zoologiste a vu se produire, chez quelques coccidies, un arrêt, une coupure dans l’enchaînement des actes dont l’ensemble réalise la reproduction sexuelle. La série des phénomènes s’arrête, chez eux, après la réduction chromatique ; elle n’est point poussée jusqu’à la fécondation. Le rideau tombe après le premier acte : la pièce est finie. Et cependant, cette réduction chromatique non suivie de fécondation, cette opération tronquée, est parfaitement efficace : elle suffit à régénérer l’espèce. C’est une forme de parthénogenèse. On pourrait tirer de là une conclusion, quant à la valeur relative de l’un et l’autre de ces actes, dans le processus de la reproduction sexuelle. La fécondation n’aurait qu’une signification secondaire, contrairement à l’opinion commune qui lui en attribue une essentielle. Le rôle dominant appartiendrait à la réduction chromatique, c’est-à-dire à l’expulsion du globule polaire. M. Delage accepte cette