guerre des classes, « l’émancipation » de la classe ouvrière par elle-même, à l’exclusion des autres, et contre les autres ; il leur jette à la face un méprisant et menaçant Fara da se. La politique sociale doit se proposer et poursuivre la paix entre les classes, la paix dans l’équité, et, sinon « l’émancipation, » — mot qui n’a plus guère de sens, de nos jours, en nos sociétés, — l’amélioration du sort des travailleurs, par la coopération sincère de toutes les classes, puisqu’on veut qu’il y ait encore des classes, entre lesquelles assurément il n’en est pas qui aient plus d’intérêt à faire pour la classe ouvrière tout Je juste et tout le possible que celles qui ne sont pas la classe ouvrière. Car c’est, encore une fois, sur l’intérêt que se fonde cette politique, non sur le sentiment, et c’est pourquoi nous avons foi et espérance en elle. D’autres soutiendront que c’est par le sentiment ou par la passion que l’on gouverne les hommes ; mais ceux qui les ont le plus et le mieux gouvernés, et ceux aussi qui, sans les gouverner, ont le mieux su comment on les gouvernait le plus, répondent que c’est l’intérêt qui les groupe dans l’attaque et dans la défense, que c’est par leurs intérêts qu’ils se meuvent et pour leurs intérêts qu’ils se décident. La règle est là : mettons notre intérêt où il est vraiment, à faire apercevoir, à faire saisir aux ouvriers leur intérêt, et à le séparer, à l’isoler de leurs passions et de leurs sentimens. Une des raisons qui font le socialisme redoutable, c’est justement qu’il est tout sentiment et toute passion, qu’il est un fanatisme, une espèce de mahométisme : il y a les croyans et les infidèles, et les croyans ne peuvent rien attendre des infidèles, qu’ils ont charge seulement d’exterminer un jour. Montrons aux ouvriers qu’ils peuvent au contraire attendre de nous tout le juste et tout le possible : opposons au socialisme la politique sociale.
Ce n’est pas à dire en effet qu’il faille désarmer devant le socialisme, ni, par peur de ce qu’il apporterait, en précipiter la venue, ni, pour éviter de tomber dans sa gueule, aller se jeter dans ses liras. Ce n’est pas à dire qu’il faille lui ouvrir les voies sous prétexte de le détourner, ni l’introduire dans la place à seule lin qu’il ne l’enlève pas d’assaut. Plus simplement, ce n’est pas à dire qu’il ne faille point le combattre ; mais c’est-à-dire qu’il faut le combattre d’une autre façon. Il a changé ses positions, il faut changer nos formations et notre tactique de combat. Tant qu’il est demeuré révolutionnaire, et ne s’est confié que dans la