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REVUES ÉTRANGÈRES

LE NOUVEAU ROMAN DE M. RUDYARD KIPLING


Kim, 1 vol., Londres, 1901.


Kim, — de son vrai nom Kimball O’Hara, — est un petit garçon, d’origine irlandaise, mais qui, né aux Indes et ayant de bonne heure perdu ses parens, a poussé librement sur les places, dans les rues, et dans les bazars de Lahore. Son père, ancien sous-officier de l’armée anglaise, ne lui a laissé pour toute fortune qu’une amulette et une prophétie : l’amulette, que l’enfant porte toujours à son cou, est un sachet contenant son acte de naissance et deux autres pièces de son état civil ; la prophétie lui annonce que sa fortune sera faite le jour où il rencontrera « neuf cents diables de première classe adorant un taureau rouge dans une prairie verte, » métaphore par où l’ex-sergent désignait les 900 hommes de son régiment, les Mavericks d’Irlande, et la figure peinte sur leur étendard.

Or, Kim, un jour, a rencontré devant le musée de Lahore un vieux lama thibétain, venu aux Indes pour essayer de retrouver certain fleuve où est jadis tombée la flèche lancée par Bouddha : fleuve dont les eaux, depuis lors, ont acquis la propriété de laver toute trace du péché. Le vieillard a vu mourir, en chemin, son chela, le disciple qui l’accompagnait et mendiait pour lui : ce qu’apprenant, Kim s’offre aussitôt à lui servir de chela. Et les deux pèlerins se mettent en route, à la recherche du fleuve sacré.

Ils entrèrent dans la gare, pareille à une forteresse, et toute notre sous la nuit finissante ; au loin, seulement, brillaient quelques lampes