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REVUE DRAMATIQUE


ODEON : les Maugars, comédie en quatre actes, par MM. André Theuriet et Georges Loiseau. — RENAISSANCE : l’Ecolière, pièce en quatre actes, par M. Jean Jullien. — GYMNASE : Manoune, pièce en trois actes, par Mme Marni.


Au moment où les théâtres ne font qu’entr’ouvrir leurs portes et avant que la saison n’ait réellement commencé, il peut être de quelque utilité de se demander à quel point de son développement en est notre littérature dramatique. L’opinion générale dont les journaux ne cessent de nous renvoyer l’écho est qu’à aucune époque le théâtre n’a été meilleur en France qu’il ne l’est aujourd’hui et qu’en aucun temps on n’avait vu plus d’auteurs doués d’un plus beau talent. J’admire comment on fait pour être si sûr de ces choses-là ; car, pour juger des époques passées de notre théâtre, nous avons un recul qui nous manque pour l’époque contemporaine ; toute comparaison est donc par là même viciée. A vrai dire, la dernière saison théâtrale n’a pas été fort brillante. Nos deux scènes classiques, celles qui sont des institutions d’État, destinées par le fait même de leur subvention à maintenir la tradition de l’art sérieux, sont restées en dehors de toute espèce de mouvement littéraire. La Comédie-Française a fait son armée avec la reprise d’un vieux mélodrame, l’Odéon avec deux vaudevilles. Dans les théâtres de genre, au Gymnase, au Vaudeville, nous avons assisté à une série de chutes qui n’ont pas même été retentissantes et vu crouler les pièces à peine montées, comme autant de châteaux de cartes. Une seule pièce, la Course du flambeau de M. Paul Hervieu, était d’un vrai mérite. On ne saurait reprocher au public de ne pas s’y être porté en foule ; les pièces d’observation amère et celles où la question d’argent est en jeu ne sont pas du goût de beaucoup de gens ; l’accueil fait aux Corbeaux, à Maître Guérin, à la Question