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LES COLONS DE L’ALGÉRIE

II[1]
LA COLONISATION OFFICIELLE ET SES RÉSULTATS. — LE MEILLEUR MODE DE COLONISATION


I. — PREMIERS ESSAIS DE COLONISATION OFFICIELLE. DÉPEUPLEMENT ET RUINE DES PREMIERS CENTRES CRÉÉS

L’insurrection d’Abd-et-Kader eut pour résultat de mettre fin aux hésitations et aux incertitudes de la politique gouvernementale en ce qui concernait l’étendue à donner à nos possessions en Algérie. Devant les attaques de l’émir, force fut bien d’abandonner le système de l’occupation restreinte qui avait prévalu jusqu’alors. Pour se mettre à l’abri des incursions de ce dernier, il fallut se décider à aller de l’avant, à suivre l’ennemi sur son territoire, à prendre possession du pays dont on le délogeait. Au système de l’occupation restreinte succéda donc par la force des choses le système de l’occupation totale et complète du pays. C’est ainsi qu’en 1840, nous fûmes amenés à occuper Médéah et Miliana dans la province d’Alger, qu’en 1841 et 1842, Tlemcen et Mascara dans la province d’Oran ainsi que Tébessa dans la province de Constantine tombèrent en nos mains. Cette année-là même, le Sahel d’Alger et la Mitidja furent purgés des bandes de brigands qui l’infestaient depuis douze ans. Le Tell soumis, nous nous enfonçâmes dans l’intérieur : des garnisons furent installées dans la région montagneuse et sur les

  1. Voyez la Revue du 15 septembre.