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rapporte pas d’exemples anciens. Mais pour les mots d’emprunt et pour les composés ou dérivés formés en français, il indique, autant que faire se peut, la date de leur première apparition. Pour l’ancien français, il le fait ou simplement par l’indication du siècle où on les trouve pour la première fois, ou par un renvoi à Godefroy, ou par un exemple, souvent inconnu à celui-ci ; pour le français moderne, il marque, ce qui est fort précieux, le dictionnaire qui les a enregistrés le premier, notant avec un soin particulier leur présence ou leur absence dans les éditions successives du Dictionnaire de l’Académie. Il signale aussi, avec preuves à l’appui, les variations dans la flexion des substantifs et des verbes. Ainsi cet historique réduit a sur celui de Littré l’avantage de ne pas se restreindre à l’époque ancienne et de nous faire assister à l’entrée ininterrompue dans la langue, depuis quinze siècles, des mots nouveaux qu’elle ne cesse d’accueillir ou de former.

La partie étymologique du Dictionnaire général est intimement liée, je l’ai déjà dit, à la partie moderne. L’histoire des sens des mots actuels ne peut se faire que si on la poursuit dans le passé. Aussi les rédacteurs du dictionnaire) ont-ils relevé dans l’ancienne langue les sens anciens qui aident à comprendre les sens modernes. Ils l’ont fait parfois aussi pour le latin, mais on peut regretter qu’ils ne l’aient pas fait plus systématiquement. Le latin a fourni à notre langue et le fonds essentiel de ses mots héréditaires et le plus grand nombre de ses mots d’emprunt. Il est par trop laconique d’inscrire simplement les deux initiales m. s. (même sens) après l’indication d’un mot du latin parlé qui a subsisté en français et qui dans les deux langues présente des sens multiples ; il en est de même des mots empruntés au latin littéraire : a-t-on pris, avec le mot lui-même, toutes les acceptions qu’il avait ? ou ne l’a-t-on adopté que dans telle ou telle de ses acceptions ? Le terrible m. s. nous laisse dans l’ignorance. Ainsi sommairement, ou même, parfois, plus explicitement indiqué, le sens donné au mot latin coïncide d’ordinaire avec le premier sens assigné au mot français, d’où l’on conclura naturellement que les autres sens sont des développemens propres au français, ce qui n’est pas toujours le cas, puisqu’il arrive que les autres sens se retrouvent en latin ou dans les langues romanes. Un mot héréditaire peut, parmi ses significations, en avoir d’empruntées au latin des livres, qui ne doivent pas être