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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre.


La nouvelle visite que les souverains russes viennent de nous faire laissera, bien qu’à un autre titre, un souvenir aussi profond que la première. Aussitôt qu’elle a été annoncée, il y a un mois, nous en avons déterminé le caractère. L’empereur Nicolas n’a pas voulu renouveler purement et simplement ce qu’il avait fait cinq ans auparavant ; son but était plus limité : il se proposait de voir notre flotte et notre armée. Tout s’est passé, de la manière la plus stricte, conformément à ce programme. L’empereur n’est allé qu’à Dunkerque et à Reims ; il a séjourné à Compiègne ; il n’est pas venu à Paris. Quant à nous, nous ne le regrettons pas : mais il faut bien constater, en chroniqueur fidèle, qu’il y a eu là une grosse déception pour la population parisienne, et un mécontentement très vif contre le ministère qui n’a d’ailleurs rien fait pour le dissiper, et a paru, au contraire, enchanté de le provoquer. Inutile de dire que les souverains russes sont tout à fait en dehors et au-dessus de ce mouvement de mauvaise humeur. La France entière leur est reconnaissante de la nouvelle preuve d’amitié qu’ils viennent de lui donner. Elle venait à une heure opportune, car on affectait au dehors de dire que l’alliance franco-russe avait perdu quelque chose de son intimité. Or, rien n’était plus faux : jamais peut-être l’alliance n’a été plus étroite qu’aujourd’hui, et il n’est pas téméraire de croire qu’à la suite des voyages, assez nombreux déjà, qui ont été faits entre Paris et Saint-Pétersbourg, elle a pris des développemens nouveaux, et, sur certains points, plus de précision. Mais ce sont là des choses que le public ne voit pas, tandis que des manifestations éclatantes, comme celles qui viennent de se produire, parlent aux yeux et frappent les imaginations. Voilà pourquoi elles