Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/678

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anneaux colorés, des interférences en général, ou de la diffraction. Dans une conférence faite à l’Institut Franklin de Philadelphie, devant un public profane, lord Kelvin s’est amusé à faire exécuter cette opération par ses auditeurs eux-mêmes, au moyen d’un réseau de diffraction. Le nombre trouvé, dans des conditions si peu favorables, a été exact au centième près.

La dépense de force nécessaire pour l’exécution de mouvemens si rapides serait prodigieuse, si la masse de l’éther avait une valeur appréciable ; et, c’est là une nouvelle raison pour conférer à ce fluide une très faible densité.


La constitution de l’éther se précise et se complète à mesure qu’on le confronte à chaque phénomène nouveau. Il faut voir comment le fait expérimental se traduit dans la mécanique ondulatoire, c’est-à-dire quelle manière d’être il suppose de la part du fluide lumineux. Une complication assez grande, dans cette étude, résulte du fait que les sources ordinaires, naturelles ou artificielles, émettent des lumières de couleurs diverses. La lumière blanche est un mélange de radiations que le prisme dissocie dans l’ordre de leur réfrangibilité. Il fournit des radiations simples, monochromatiques. Le pinceau lumineux qui tombe sur un prisme, deux fois brisé par les réfractions qu’il y subit, en sort dévié, dilaté, et teint des couleurs de l’arc-en-ciel. Ce sont trois espèces de modifications dont la connaissance a été successive. Kepler, en 1611, s’attacha à expliquer la déviation : le Père Grimaldi, en 1665, observa la dilatation du faisceau émergent qui, reçu sur un écran, y dessine une bande allongée, au lieu du cercle ou de l’ellipse que forme, dans les mêmes conditions, le faisceau incident. Quant aux colorations, c’est Newton qui les étudia en 1667. On avait observé déjà ces irisations ; Kepler lui-même avait énoncé sous le nom d’axiome sensuel le fait que, « les rayons fortement réfractés se teintent des belles couleurs de l’arc-en-ciel ; » mais on n’en savait point la raison. Newton la fit connaître. Il rattacha les trois particularités l’une à l’autre en montrant qu’elles étaient toutes trois les conséquences d’une même cause, la différence de réfraction. Il en fit un phénomène unique, la dispersion. Et, en fin de compte, il tira de cette belle expérience du spectre solaire toute l’optique des couleurs.

Dans la théorie de l’émission, où l’on n’a à considérer que le rayon lumineux, l’explication est extrêmement simple. Il