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sont les particules de l’eau qui vibrent ; dans celui-là ce sont les particules de l’air, c’est-à-dire, les élémens du milieu propagateur. La vibration dans les deux cas se transmet, dans toutes les directions, c’est-à-dire suivant toutes les droites qui rayonnent du centre d’ébranlement. Seulement, dans le cas de l’eau, les vibrations en chaque point sont perpendiculaires à la direction de la propagation, c’est-à-dire au rayon : dans le cas de l’air elles s’exécutent suivant cette direction même. A priori, on pourrait hésiter sur celui des deux types qu’il convient de choisir pour la lumière. Le phénomène de polarisation va nous obliger, tout à l’heure, à fixer notre choix sur le type perpendiculaire au rayon.

Ce qui vibrera, dans le cas de la lumière, ce seront les élémens du milieu propagateur ; et celui-ci ne saurait être ni l’air, ni l’eau, ni aucune matière pondérable, car la lumière n’a besoin d’aucune matière pour se propager. Ce sera donc un milieu nouveau. Le raisonnement le plus serré nous accule ainsi à la supposition d’un milieu spécial, qui doit exister partout où la lumière est susceptible de se propager, et qui d’ailleurs, pour remplir son office, devra être continu, élastique et incompressible : c’est l’éther. Il faut qu’il imbibe, en quelque sorte, tous les corps, et que nous puissions faire abstraction de ceux-ci, dans les phénomènes lumineux.

Et cependant, si indépendant que soit cet éther de la matière pondérable, il est inévitable qu’il ait des relations avec elle et qu’il s’exerce, de l’une à l’autre, certaines actions. La nature de ces rapports (forces pondéro-éthériques) entre le milieu éthéré et les corps matériels, considérés soit en repos, soit en mouvement, ne peut être établie directement, et elle semble abandonnée à la fantaisie des théoriciens. En réalité, elle est imposée par la nécessité de rendre compte du phénomène de la réfraction, pour les corps au repos ; et, en ce qui concerne les corps en mouvement, par l’obligation d’expliquer le curieux phénomène astronomique de l’entraînement des ondes, indiqué théoriquement par Doppler en 1842, mais reproduit artificiellement et mesuré dans ses élémens par Fizeau dans son expérience célèbre de 1848.

Tel est, à grands traits, ce système des ondulations, auquel on est acculé, par une logique rigoureuse ; si l’on ne préfère accepter l’autre système, celui de l’émission. Il faut, maintenant,