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L’un des avantages qu’offre ce parallèle, c’est de permettre à l’esprit, qui perd pied dans les abstractions de la théorie lumineuse, de se retremper dans les réalités de la théorie sonore. Les vibrations qui produisent le son, nous les saisissons directement ; le doigt les sent, dans la cloche qui résonne : l’œil les voit dans le diapason à miroir : il y a mieux, le graphophone les fixe sur la cire amollie : il donne la facilité de les examiner à loisir et permet, enfin, de reproduire les sons eux-mêmes en faisant répéter ces vibrations par une membrane docile. Il n’y a pas lieu d’insister ici sur cet ordre d’idées. On connaît maintenant ce qu’il faut pour comprendre les deux systèmes qui se sont disputé l’explication des phénomènes lumineux.


III

Il y a trois choses à considérer dans la lumière : le corps qui l’émet, l’œil qui la reçoit, le milieu qui la transmet. Mais, de ces trois objets il y en a un dont le physicien n’a pas à connaître, c’est l’effet sur l’œil et la sensation spécifique qui en est le résultat. Placé au point de vue objectif, il n’a pas à se préoccuper des faits de l’ordre psychique, qui intéressent la conscience du sujet. Sa tâche est donc de définir l’état particulier qui constitue le corps à l’état de source lumineuse, et de déterminer la nature du phénomène de propagation. De ces deux problèmes, celui qui est relatif à la nature de la propagation offre la plus haute importance ; et c’est à lui qu’il convient de s’attaquer d’abord ; on verra, d’ailleurs, que la connaissance approfondie de l’état du milieu propagateur entraîne celle de la source elle-même.

Quelle est la vitesse de ce mouvement de propagation ? Quelle en est l’exacte direction ? Les premiers physiciens ont cru que la lumière se propage d’une manière instantanée et en ligne droite. Instantanéité et direction rectiligne, sont devenues, en quelque sorte, les traits caractéristiques du mouvement lumineux, dans l’opinion commune. Le trait de lumière symbolise la soudaineté absolue. Le rayon lumineux est le type et l’étalon de la rectitude. Et pourtant, en toute rigueur, l’une et l’autre de ces idées sont fausses.

L’erreur relative au temps de la transmission est celle qui a le moins duré. Dès le XVIe siècle, l’idée de l’instantanéité commence à être battue en brèche. Entre le moment où la lumière