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au lieu de l’eau, nous avions agi sur un liquide visqueux ou sur un corps mou, la surface pressée serait restée déprimée, ou bien elle serait revenue lentement à sa place sans la dépasser : elle n’aurait pas exécuté d’oscillation pendulaire ; les phénomènes consécutifs n’auraient pas existé ; il n’y aurait pas eu d’onde transportée, c’est-à-dire point d’ondulation. Les corps mous s’opposent aux corps élastiques, sous ce rapport ; et l’eau appartient à la catégorie des corps élastiques. Mais, cette qualité même est plus ou moins développée suivant la nature des substances. L’eau est moyennement douée à cet égard : il y a des corps qui le sont mieux : on peut en concevoir qui le soient parfaitement.

Ces corps parfaitement élastiques ne subiront pas la moindre pression, le plus petit ébranlement, dans l’une de leurs parties, sans les communiquer immédiatement aux parties voisines : ils ne toléreront point la moindre déformation ; et, dès que la contrainte exercée par l’action étrangère aura disparu, les parties regagneront leur position d’équilibre par une série d’oscillations d’amplitude indéfiniment décroissante. Les types de parfaite élasticité et d’incompressibilité absolue, seront donc la complète antithèse des corps mous, et c’est ce que l’on veut exprimer en disant qu’ils sont parfaitement rigides.

Ce sont précisément ces qualités d’élasticité, dont l’eau vient de nous offrir un très médiocre modèle, qui sont mieux développées dans d’autres substances, que l’on suppose poussées à l’extrême dans l’éther. On voit que cela revient à doter les particules de ce fluide de la propriété de propager à distance indéfinie et avec une vertigineuse rapidité les ébranlemens qui leur seront communiqués — et de revenir aussitôt après à leur position d’équilibre par une série de vibrations pendulaires évanouissantes. Ces qualités ne sont ni chimériques ni arbitraires : nous les observons à des degrés divers dans les corps élastiques et incompressibles qui nous entourent ; l’éther les présentera seulement au degré le plus éminent.

Quelques détails sont encore nécessaires. On vient de voir la vibration du centre d’ébranlement se propager sous la forme d’une onde qui comprend une partie creusée et une partie renflée et qui court à la surface du liquide avec une vitesse uniforme. Le mouvement a débuté au centre même à l’instant où la petite surface pressée a commencé à s’enfoncer ; et il a fini, en ce point, au moment où, sa double excursion terminée, cette