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considération est commode, en effet, pour l’exposé des faits généraux du magnétisme comme, dans un au Ire ordre ; d’idées, l’hypothèse de la sphère céleste et le système de Ptolémée pour l’étude élémentaire de la cosmographie. C’est la seule cause qui a retardé pendant quelque temps leur déchéance. La célèbre expérience d’Œrstedt, en 1821, révéla l’action exercée par le courant de pile sur l’aiguille aimantée. Le génie d’Ampère en fit sortir, quinze ans plus tard, l’aimant électrique et toute la science de l’électro-magnétisme, que Gauss et Weber, en Allemagne, complétèrent au point de vue théorique. Entre temps, les expérimentateurs tels que Arago, Biot et Savart, Barlow, Lenz, Faraday, Pixii et tant d’autres après eux, l’enrichissaient au point de vue pratique. Depuis lors, le magnétisme, dans son essence, s’est trouvé ramené à l’électricité et n’en a plus été qu’une simple dépendance.


La déchéance du fluide calorifique ou calorique, a été une œuvre de plus longue haleine. M. Duhem en a exposé, ici même, l’histoire d’une façon magistrale[1]. La chaleur est due à des mouvemens moléculaires ; elle est un mode de mouvement. Ce mouvement se communique d’un corps à un autre, par exemple de la source à la main de l’observateur, de l’une des trois manières suivantes : par conduction, c’est-à-dire, par cheminement de proche en proche à travers les corps interposés immobiles, ainsi qu’il arrive lorsque le voisinage d’un foyer élève la température des murs voisins : par convection, si le milieu échauffé se transporte lui-même en masse, ce qui est le cas pour l’air chaud que nous recevons d’une bouche de calorifère ; enfin par rayonnement, lorsque nous tendons les mains vers l’âtre où le feu pétille, ou que nous nous exposons aux rayons du soleil.

La propagation de la chaleur par rayonnement, — du soleil à la terre, par exemple, — n’est pas le fait d’un fluide calorifique distinct, projeté de l’un de ces astres à l’autre, pas plus que la propagation de la lumière, dans les mêmes circonstances, n’est le fait d’un fluide lumineux. Les deux phénomènes ont exactement le même mécanisme : ou, plutôt, il n’y a pas deux phénomènes, il n’y en a qu’un seul. La chaleur rayonnante et la lumière sont un seul et même objet. D’après la conception

  1. Voyez la Revue des 15 juillet et 15 août 1895.