Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/657

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hypothèse sur les rapports de la matière ordinaire avec le facteur impondérable est donc le complément indispensable de celle que l’on se forge relativement à ce dernier. On a dû, en particulier, dans la théorie ondulatoire de la lumière, supposer des relations d’une certaine nature entre l’éther et les milieux lumineux ou transparens. Ces suppositions annexes, entées sur les principales, apportent un nouvel élément d’indétermination dans la théorie.

C’est là un grand inconvénient ; car, précisément, ce que l’on demande à une théorie physique, ce n’est pas de déchirer le voile qui nous cache le véritable fond des choses, c’est de nous donner, tout artificielle qu’elle soit, une représentation simple et complète des lois de l’expérience. Les hypothèses que nous examinons en ce moment étaient loin de réaliser ces conditions.

Ces constructions théoriques des physiciens du XVIIe et du XVIIIe siècle se sont montrées fragiles. Ils avaient créé trop de fluides. Le progrès de la physique dans tout le cours du XIXe siècle a consisté à réduire le nombre de ces agens hypothétiques, c’est-à-dire, en définitive, à ramener à l’homogénéité des catégories de phénomènes précédemment regardés comme distincts et irréductibles.

Le fluide lumineux fut le premier à disparaître, laissant la place à l’éther universel. Cette substitution est l’un des grands événemens de l’histoire de la physique. Elle a marqué le triomphe du système des ondulations sur le système de l’émission, à la suite d’une querelle célèbre, qui dura près de deux siècles, et dont les principaux champions ont été Descartes, Newton, Huyghens, Young et Fresnel. Nous allons y revenir.

Puis, ce fut le tour du magnétisme. Avant que l’on connût l’aimant électrique, on admettait l’existence d’un fluide austral et d’un fluide boréal, analogues, sur presque tous les points, aux fluides électriques. Leur principale différence résidait dans leur mode de liaison à la matière pondérable. Tandis que ceux-ci sont, en règle générale, mobiles et déplaçantes, les fluides magnétiques, eux, restent, en quelque sorte, rivés aux particules des corps aimantés par des attaches inconnues, qui constituent des actions ou forces pondéro-magnétiques. Personne, depuis longtemps, ne croit plus à l’existence réelle de ces fluides, bien qu’on les mentionne encore dans l’enseignement classique. Leur