Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/655

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
QUESTIONS SCIENTIFIQUES

LES
AGENS IMPONDÉRABLES ET L’ÉTHER


Le champ de la physique était encombré, il y a cent ans, d’un bon nombre d’agens parasites, distincts de la matière sensible, qui avaient été institués pour fournir l’explication des divers phénomènes — et qui, d’ailleurs, n’avaient pas tardé à se montrer insuffisans à leur tâche. En négligeant l’attraction universelle, — dont Newton lui-même n’a pas dit qu’elle existât, mais seulement que les choses se passaient comme si elle existait, — on comptait au moins six de ces êtres de raison : les deux électricités, les deux magnétismes, le calorique et l’agent lumineux. Et, comme le même corps peut, à la fois, se trouver électrisé, aimanté, chaud et lumineux, c’est une bande de six garnisaires, au bas mot, qu’il devait loger dans ses flancs. Ceux-ci d’ailleurs se casaient chez leur hôte, chacun à sa façon, les uns à la surface, les autres dans la masse, et cela, sans l’alourdir le moins du monde. L’électrisation, en effet, ni l’aimantation, ni réchauffement, ni l’illumination d’un corps n’en augmentent le poids ; il fallait donc que ces hôtes supposés fussent des agens impondérables. D’autre part, leur facilité à se déplacer et à s’insinuer partout en faisait des fluides. Fluides, fluides impondérables, c’était l’appellation commune à cette catégorie qui servait à les désigner.

La physique, par l’introduction des fluides, se trouvait