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III. — LE POUVOIR EXÉCUTIF DANS SES RAPPORTS AVEC LE CONGRÈS

Tout d’abord il importe de noter qu’au moment où le Président inaugure ses fonctions (4 mars), la Chambre des Représentans, qui assiste à la prestation de son serment, est arrivée au terme de son mandat. En théorie, l’existence officielle des nouveaux députés commence, comme celle du Président, le 4 mars. En fait, l’exercice de leurs pouvoirs législatifs est presque toujours ajourné jusqu’au premier lundi de décembre, date impérative fixée par la Constitution pour l’ouverture du Congrès. Cette date n’est devancée que si le Président, qui est seul juge de la question, croit devoir convoquer le Parlement en session extraordinaire, ce qui n’a point lieu généralement.

Le Sénat, qui se renouvelle tous les deux ans en même temps que la seconde Chambre, mais seulement par tiers, et qui, par suite, ne meurt jamais tout entier (continuous body), ne reste, de son côté, en session que le temps strictement nécessaire (quatre ou cinq jours d’ordinaire) pour confirmer les premières et les plus importantes nominations de l’Exécutif. La Constitution donne, d’ailleurs, comme nous l’avons vu, toute latitude au Président pour pourvoir, à titre provisoire, les postes vacans de nouveaux titulaires, et leur ratification peut être différée jusqu’à l’hiver et même au-delà.

Durant les neuf premiers mois qui suivent son installation, le chef du Pouvoir exécutif gouverne donc en réalité le plus souvent sans le concours de la représentation nationale. Pendant ces longues vacances parlementaires, il a ainsi tout le loisir de préparer, en collaboration avec ses ministres, l’étude des questions qui fixent plus spécialement son attention. Dès le mois de juin, d’ailleurs, la capitale, où sévissent des chaleurs prématurées, est graduellement désertée par la plupart de ses habitans, et jusqu’à l’automne, la vie politique y est suspendue. Elle l’est au point que plusieurs membres du Cabinet ont pu parfois, sans inconvénient pour la chose publique, franchir à ce moment l’Océan et faire en Europe un séjour de plusieurs semaines. Il est d’usage que le Président des États-Unis, qui ne dispose point, pour l’été, d’une résidence officielle, passe cette période caniculaire dans une campagne privée dont la tranquillité n’est interrompue que par les visites qu’il reçoit de temps à autre de ses ministres, lorsque l’expédition des affaires l’exige.