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internationale » accomplie par M. Hanotaux, et M. Jaurès se plaindre que les gouvernails eussent « sacrifié à l’autocratie russe tous les intérêts et la dignité même de la France ; » on vient d’assister à une protestation unanime du socialisme militant contre le nouvel accueil fait au Tsar ; et dans les chapelles « d’intellectuels, » toute occasion paraît bonne pour lancer contre l’autocrate des plébiscites d’indignation. Le quai d’Orsay a hérité d’une politique ; les deux forces internationales qui pèsent sur notre gouvernement intérieur s’essaient à en faire une autre.


VII

Observons-les, ces deux forces, en leur récent épanouissement : c’est par elles que s’explique, en grande partie, l’évolution républicaine des dernières années, et c’est avec leur concours, tantôt discret, tantôt notoire, que le vieil esprit, redevenu conscient de lui-même, a pu se montrer sans voiles.

Il est permis de se demander si l’atroce acharnement de la maçonnerie française contre l’armée de la France ne cache point quelque dépit. La maçonnerie avait, à plusieurs reprises, fait affirmer par les ministres de la Guerre que la circulaire du maréchal Soult prohibant aux militaires l’accès de certaines associations ne s’étendait point aux loges ; elle avait permis à certains officiers généraux de se faire initier sans subir ces « épreuves physiques » dont le commun des maçons accepte la piquante importunité ; elle avait abaissé de moitié, pour les membres de l’armée comme pour les maîtres d’école, les droits d’entrée ; elle avait généralement renoncé à questionner les néophytes militaires sur les limites de l’obéissance passive et sur la compatibilité entre les liens maçonniques et la discipline de leur profession. Ces précautions, ces avances et ces réticences avaient servi de peu : l’armée demeurait un bloc où les influences maçonniques se faisaient difficilement brèche. Les loges sentirent l’affront, et les vœux antimilitaristes commencèrent d’obséder les convens. L’interdiction des cercles catholiques aux militaires de tous grades, le vote de mesures destinées à assurer la neutralité des chefs de corps en matière philosophique et confessionnelle, furent d’abord mis à l’étude. Puis on chercha les moyens de rendre notre France plus avare d’applaudissemens lorsque ses généraux lui rapportaient quelque gloire : une loge se trouva,