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siècle se sont souvent conservées par tradition, jusqu’à ce jour.

Il faut savoir le reconnaître. La discipline coercitive, la transformation de la recrue en une sorte d’automate sans pensée et sans initiative, sont devenues un non-sens.

Pour amener le civilisé moderne à braver la mort et à faire tout son devoir dans le combat, il faut autre chose que la menace au conseil de guerre ou de la compagnie de discipline.

La rapidité des échanges rompt l’équilibre intérieur des nations et leur impose de nouveaux besoins. Pour les satisfaire, la lutte économique d’abord, à main armée ensuite, devient une inévitable nécessité. — Les nations riches, au sol convoité, doivent se préparer à se défendre.

Le développement de l’éducation doit leur faire comprendre ce que sera dorénavant la base essentielle des armées futures.

C’est la discipline librement consentie, celle qui engendre l’esprit de sacrifice et l’héroïsme. A une armée pénétrée de ce souffle toutes les audaces seront permises.

Telles sont les nouvelles tendances de l’armée allemande. Mais, sous ce rapport, la France possède une avance qu’elle maintiendra toujours, si elle le veut bien.

Son merveilleux soldat, intelligent, alerte et dévoué, qui partout suit son chef et souvent le devance, possède la véritable aptitude aux tactiques futures.

Le développement de son individualité produira dans ses groupemens une force redoutable, qu’utiliseront victorieusement les chefs qui sauront le comprendre et s’adresser à son cœur.


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