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Dans l’ordre de combat de la division, la fraction de combat est composée de régimens en ordre de combat (chaîne), réserve de bataillons, réserve de régimens et une réserve générale qui reste dans la main du commandant de la division. Il est même ajouté : exceptionnellement, il peut être constitué des réserves de brigade.

Cet ordre tactique comporte donc quatre ou cinq échelons répartis en arrière de la ligne de combat, sur une assez faible profondeur, car il est dit que le commandant de toute réserve doit se tenir à portée des soutiens de la fraction de combat à laquelle il appartient.

Dans le chapitre relatif au mouvement et à l’emploi des réserves, le règlement recommande les formations en colonne de préférence à l’ordre déployé : « Si, à faible distance de l’ennemi, la chaîne se trouve arrêtée, le mouvement en avant peut être commencé par les réserves les plus éloignées ; la réserve de régiment rejoint la réserve de bataillon, qui se porte sur la chaîne et détermine le mouvement en avant de celle-ci. »

Ce chapitre se termine ainsi :

« Le commandant en chef doit être plus ménager encore de sa réserve générale. Dans aucun cas, il ne la dépensera en entier avant le dénouement du combat. L’assaut est donné lorsque les réserves ont serré sur la chaîne et par les réserves de concert avec la chaîne. »

Les procédés russes et les procédés allemands sont donc absolument opposés, et ceux-ci rencontrent beaucoup d’incrédules.

Ce sont là, dit-on, des manœuvres de paix ; les Allemands ne combattront pas ainsi. Le secret de la guerre n’est-il pas en partie dans l’emploi judicieux des réserves ?

Il y a lieu de remarquer que les armées nombreuses, fondées sur l’appel des réservistes, ne peuvent pas avoir deux tactiques, l’une pour la paix, l’autre pour la guerre. Le désordre en résulterait, et les choses simples sont les seules que permet la guerre. Les Allemands opéreront, à peu de chose près, comme ils le font aux manœuvres. Mais renoncent-ils vraiment à l’emploi des réserves et leur nouvelle tactique ne serait-elle pas une manière différente d’en comprendre l’emploi ?

D’après ce qui vient d’être exposé, une armée allemande composée de trois ou quatre corps d’année, mettrait un corps en