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commandée par l’Empereur, le 12 septembre, donne une idée de l’achèvement de la bataille. On semble admettre que le succès appartient au parti dont l’aile enveloppante a une supériorité numérique assez forte pour obliger l’aile opposée à reculer.


La conception de la rupture de l’ennemi à coups d’hommes est donc abandonnée. Pourquoi cette transformation ne s’est-elle pas faite plus tôt ?

Pour l’expliquer, on peut admettre que jusqu’à présent les Allemands n’ont pas jugé que le développement de l’esprit militaire de la nation fût assez avancé pour permettre un changement de tactique fondé sur l’initiative individuelle. Mais voici trente ans que le maître d’école n’a pas cessé de préparer les générations au rôle du citoyen dans l’armée. Il a fait pénétrer au fond de l’âme des enfans l’esprit de sacrifice qui mène à la discipline librement consentie, la seule qui subsiste en campagne et que la crainte de la mort ne peut pas dominer. Par l’éducation, la préparation s’est faite. Elle a permis l’évolution tactique, et bientôt il ne restera de l’ancienne discipline coercitive que la forme apparente de l’automatisme.

De tels procédés de combat sont si différens de ceux usités dans les autres armées européennes, qu’ils ne pouvaient échapper aux critiques.

On se rend compte de leur divergence, en prenant comme terme de comparaison le règlement de l’infanterie russe, qui est cependant un des plus récens. Il date de 1897. Ce règlement ne cesse pas d’insister sur la nécessité de former et de conserver des réserves.

Dans l’instruction sur le combat de l’infanterie, qui fait suite au règlement de 1897, il est dit : « Tant que la situation n’est pas éclaircie, il est nécessaire de conserver une forte réserve.

« En ce qui concerne le bataillon, plus les attaques de flanc sont à redouter, plus la réserve de bataillon doit être forte.

« Si, au contraire, la situation est complètement éclaircie, si l’ennemi est en désordre ou n’est pas prêt au combat, on peut la constituer moins solidement. »

L’ordre de combat du régiment comprend la fraction de combat (un, deux ou trois bataillons) formant la chaîne, les réserves de bataillons et la réserve de régiment (réserve générale).