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à mener une action décisive commettrait une faute en se créant une réserve spécialement destinée à couvrir une retraite, au lieu d’employer toutes ses forces à l’exécution de sa mission. »

Il en résulte un esprit d’offensive à outrance qui anime toute l’année allemande depuis les généraux jusqu’aux chefs de pelotons.

Tous les engagemens sont nettement offensifs et, même quand la défensive stratégique est imposée à un parti, il la transforme en offensive tactique énergique, quitte à rompre le combat et à manœuvrer en retraite. Les différentes colonnes s’engagent à fond presque simultanément. Si l’une d’elles remporte un succès dans sa zone d’action, elle s’occupe alors de ses voisines et détache de leur côté les forces qui ne lui sont pas strictement nécessaires. Aucune ne se garde des réserves.

Dès lors, la tactique de l’infanterie se caractérise ainsi :

Passage direct de la colonne de route à l’ordre dispersé ;

Plus de rassemblemens préalables ;

Lignes de tirailleurs très denses dès le début de l’action :

Absence complète de réserves partielles ou générales, soit dans le bataillon, le régiment, la division ;

Emploi des feux à volonté, à l’exclusion absolue des feux de salve ;

Assaut donné par des lignes de tirailleurs épaisses, sans soutiens ni réserves, après une énergique préparation par le feu ;

Les crêtes dangereuses ne sont franchies qu’après un déploiement préalable ;

Toute troupe qui s’arrête dans la zone de feu se couche aussitôt, sans changer sa formation.

Par suite de la suppression de l’artillerie de corps et de sa répartition entre les divisions, l’artillerie agit, plus encore que par le passé, en liaison étroite avec l’infanterie, et cette camaraderie de combat donne une impulsion de vigueur remarquable à l’offensive des divisions.

Les attaques de l’infanterie formée en masses compactes ne sont plus employées.

Nulle part ne se voit un effort répondant à la conception d’une attaque décisive par un bloc d’infanterie préalablement tenu en réserve à cet effet et lancé sur un point du champ de bataille.

Seule la charge des 59 escadrons des corps de cavalerie,