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Tels sont les principes généraux admis dès 1898. Toutefois, les formes tactiques que ces principes comportent n’apparaissent pas encore.

Dans la zone des feux, l’infanterie marche généralement sur trois lignes. D’abord une ligne de tirailleurs sur un rang coude à coude. Puis à 200 mètres en arrière une autre ligne sur un ou deux rangs. Enfin une troisième ligne, soit en colonnes de compagnies, soit par compagnies en ligne ou en échiquier ou encore par pelotons sur deux rangs, marchant à 300-600 mètres de la deuxième ligne. Plus en arrière encore, des réserves de bataillons ou de demi-bataillons en colonne double.

C’est dans cet ordre que se font encore les attaques en masse de l’infanterie ; les lignes viennent se fondre successivement sur la ligne de feu, de telle sorte que, vers 400 mètres, elle est formée d’hommes sur trois ou quatre rangs de profondeur.

En 1899, les modifications tactiques sont presque nulles, comme le montre la manœuvre du 12 septembre, mais l’application de la doctrine de l’enveloppement, parle resserrement du front de marche, se dégage de plus en plus.

Près de Stuttgart, le 12 septembre, l’Empereur avait pris Je commandement des 13e et 14e corps d’armée (parti bleu), qui opéraient contre le 15e corps d’armée, formé à quatre divisions (parti rouge) et commandé par le général de Merscheidt-Hüllesem.

Dès le matin, l’Empereur porta presque tout le 14e corps sur le village de Hochsdorf. Cette attaque fut supposée repoussée par le parti rouge, qui, ayant dirigé de ce côté son effort principal, prit l’offensive. Son mouvement fut contenu par le feu d’une longue ligne d’artillerie établie sur la hauteur de Katherinenlinde. Vers huit heures et demie du matin, l’Empereur lança en bloc une masse de 15 à 20 bataillons contre le village de Hochsdorf sur lequel les batteries de Katherinenlinde avaient préalablement dirigé un feu rapide. Cette infanterie était en formation compacte. Derrière la chaîne de tirailleurs très dense, se succédaient, à courte distance les unes des autres, des compagnies, les unes en ligne, les autres en colonne. Le front, limité à droite et à gauche par des bois, était très étroit pour des forces aussi nombreuses. Cette masse parcourut ainsi environ 2 kilomètres baïonnette au canon, tambour battant, l’Empereur