Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 5.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’offensive tactique, comme dans l’offensive stratégique, l’énergie et la promptitude de l’action sont les principaux élémens du succès, et cela dès le début. Le feu violent du combat moderne dissout rapidement les unités constituées et fait passer la direction aux mains d’une quantité de chefs subalternes, dont il faut développer l’initiative.

Le succès de l’attaque sera souvent dans leurs mains.

En outre, la tendance à déborder une aile de l’adversaire ou à envelopper un flanc, afin de le mettre entre deux feux, s’accentue davantage. C’est là le seul moyen sûr de conquérir la supériorité du feu, disent les généraux.

Ainsi opèrent le général de Seebeck et son adversaire, l’Empereur, les 8 et 10 septembre 1898, dans les environs de Minden.

Ce principe conduit à l’extension des fronts, pour chercher la force de l’attaque dans l’enveloppement. Aussi, loin de se resserrer et de se concentrer avant la bataille, comme le font la plupart des armées européennes, les généraux allemands vont-ils, dès 1898, s’étendre considérablement. Cette séparation, en présence de l’ennemi, semble au premier abord très dangereuse. Elle est absolument contraire à l’enseignement des écoles. Ce danger est-il réel ? En raison de la grande portée des armes, les troupes entrent en action à des distances souvent considérables. L’arc de cercle sur lequel se fera le premier déploiement sera aussi très grand. Les troupes qui viendront d’une seule direction ou qui seront concentrées d’avance devront donc se séparer de nouveau, pour pouvoir envelopper l’adversaire. D’autre part, le parti qui est attaqué peut-il sans danger lancer une contre-attaque dans l’arc de cercle qu’on lui présente ? On sait à quel point il est difficile de contre-attaquer, en partant d’une position occupée défensivement. Il semble donc que, pendant la durée de l’enveloppement tactique, le danger d’être percé par un adversaire entreprenant, devient très faible.

Il faut se rappeler qu’une division allemande, avec la force dont elle dispose en artillerie, est en état de résister pendant toute une journée à des forces doubles et peut ainsi donner aux colonnes voisines le temps d’attaquer le flanc de l’adversaire.

La bataille de l’avenir comportera plusieurs actes, dont le premier sera d’attaquer l’adversaire avec assez de violence pour le fixer, afin de pouvoir le manœuvrer ensuite.