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masses dites « décisives » seraient définitivement abandonnées. Il n’en est rien. Les Russes s’obstinent dans le même procédé.

Le 7 septembre, ils commencent la préparation de leur troisième attaque de Plevna : 444 pièces, dont 20 de siège, sont en batterie. Cette fois, ce n’est pas cinq heures que dure la préparation par le feu de l’artillerie, comme lors de l’attaque précédente ; mais bien quatre jours pleins, au bout desquels, voyant leurs coffres presque vides et jugeant la préparation suffisante, les Russes attaquent en masse. C’est le 11 septembre à trois heures du soir qu’ils lancent leur infanterie, en une série de blocs. Une fois de plus ils sont écrasés, et la journée se termine par une déroute.

Mais le même jour, Skobeleff, qui, pour attaquer, employait de tout autres procédés, réussissait.

Skobeleff avait fait la guerre. Il s’était rendu compte que la discipline brutale n’entraîne pas le soldat. Vivant au milieu de ses troupes, connu d’elles, il était sûr que partout où il irait, elles le suivraient.

Le 17 septembre 1877, il était chargé de l’attaque dans le secteur Sud-Ouest de Plevna et disposait de 22 bataillons avec 102 pièces.

L’ennemi lui opposa 27 bataillons et 14 pièces.

Les Turcs tenaient de puissantes redoutes de campagne, traversées en croix, avec abris, reliées par de profondes tranchées à gradins et logemens creusés dans le talus de banquette.

Le plan du général russe paraissait on ne peut plus audacieux. Considérant que la prise des deux redoutes du centre devait entraîner à bref délai la chute de Plevna, Skobeleff se décide à s’avancer comme un coin dans la position turque, droit sur son objectif, laissant à gauche les quatre redoutes du plateau de Krichine et à sa droite les ouvrages de la rive droite de la Toutchénitza.

Dans la nuit du 7 au 8 septembre, il commence sa marche d’approche en s’emparant d’un premier pli de terrain et en y construisant des tranchées-abris. Le 10 au soir, l’attaque générale est décidée pour le lendemain trois heures.

Dès dix heures du matin, les troupes continuent leur marche d’approche. On lance sur une deuxième crête 4 bataillons (trois du 61e régiment et le 10e bataillon de chasseurs), suivis de près par 3 batteries (24 pièces). Aussitôt que l’infanterie est arrivée