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UN POÈTE MUSICIEN

FRANZ GRILLPARZER


Franz Grillparzer. — Le Théâtre en Autriche, par M. Auguste Ehrhard, professeur à l’Université de Clermont-Ferrand ; 1 vol. Société française d’Imprimerie et de Librairie ; Paris. 1900. — Grillparzer und die Musik, par M. le Dr Edouard Hanslick (Musikalische Stationen : 1 vol., Berlin, Hofmann und C°.


I

Grillparzer lui-même aurait peut-être protesté contre le double titre que nous lui donnons ici. Epris également de la musique et de la poésie, il s’appliqua toujours, nous le verrons, à les distinguer beaucoup plus qu’à les confondre. Mais il eût protesté ; en vain : car, au fond, la poésie et la musique se touchent et se tiennent dans son œuvre, et plus encore dans sa nature et dans son génie.

Musicien de fait et pratiquant, pianiste, compositeur, tout cela même il le fut. On conserve dans les archives de la Société des amis de la musique, de Vienne, quelques-uns de ses cahiers d’exercices (basse chiffrée, harmonie ou contre-point). M. Hanslirk vit naguère chez Catherine Fröhlich, celle qui fut si longtemps et jusqu’à la mort l’amie du grand poète, trois compositions de Grillparzer. La première est l’ode d’Horace : Integer vitæ scelerisque purus, pour voix de basse avec accompagnement de piano. Il aimait, dit-on, à la chanter le soir. Un autre lied, sur des vers d’Henri Heine : Du, schönes Schiffermädchen, rappelle à