Nous avons parlé, plusieurs fois déjà, de l’expiration prochaine des traités de commerce de l’Allemagne avec diverses puissances, et des projets du gouvernement impérial à cet égard. Nos lecteurs n’ignoraient pas que les gouvernemens confédérés élaboraient depuis quelque temps de nouveaux tarifs, et que ces tarifs devaient être très élevés. Un vent de protectionnisme souffle sur le pays : il vient des provinces de l’Est, c’est-à-dire des vieilles provinces prussiennes où le parti agrarien est tout-puissant. On s’attendait donc que les tarifs s’inspirassent d’un esprit qui n’aurait rien de commun avec les principes de l’économie politique orthodoxe : mais, si l’attente générale n’a pas été trompée, elle a été dépassée. Les tarifs préparés sous l’influence directe de M. le comte de Bulow sont plus protectionnistes encore qu’on ne l’avait imaginé. On a beaucoup attaqué M. Méline à propos de ceux dont il nous a gratifiés autrefois. M. Méline est presque un libéral, en matière commerciale, à côté du chancelier de l’Empire ; il a trouvé dans ce dernier plus protectionniste que lui. Reste à savoir si le Reichstag sera à son tour aussi protectionniste que M. de Bulow, car c’est à lui qu’appartiendra le dernier mot dans cette affaire. Il serait extrêmement téméraire de prophétiser à ce sujet. Le gouvernement impérial usera de toutes ses ressources, et elles sont grandes, pour faire accepter son projet. D’autre part, la résistance sera énergique, vigoureuse, passionnée. L’émotion, en effet, est dès aujourd’hui extrêmement vive dans les provinces de l’Ouest. Il faut s’attendre à des luttes acharnées. Enfin, en dehors de l’Allemagne, tous les pays qui ont avec elle des relations économiques, la Russie, l’Autriche-Hongrie, l’Italie, l’Amérique, etc., font entendre des protestations alarmées et menaçantes. Nous sommes au début d’une campagne semi-