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en convenir, constitue une hypothèse a priori peu admissible. — À cela l’on peut d’abord répondre avec Spring, — le plus érudit symptomatologiste de son temps, — que la douleur, si diversifiée dans sa forme, est une dans son essence. Les distinctions sans fin qu’établissent si complaisamment les malades et les blessés, distinctions dont l’ancienne pratique exagérait l’importance, dépendent les unes d’une différence dans la nature, le degré, l’étendue, la permanence ou la fugacité de l’excitation, les autres de l’immixtion constante d’élémens hétérogènes, au nombre desquels figurent, parmi beaucoup d’autres, la qualité des tissus offensés et l’impressionnabilité cérébrale plus ou moins vive du sujet.

Mais alors, dira-t-on, comment expliquer ce virement graduel que paraît subir la sensation à mesure que l’on renforce l’énergie d’un contact ?… Comment se fait-il que l’impression légère, presque imperceptible, du début se transforme ainsi peu à peu en une angoisse douloureuse ?

Irréfutable à première vue, cette objection n’a point cependant la valeur di ri mante qu’on lui prête. Rien n’empêche en effet d’attribuer aux deux espèces d’élémens une émotivité très inégale, les fibres tactiles répondant exclusivement aux excitations modérées, les fibres dolorifiques aux irritations fortes. Et si, dans les expériences dites de renforcement, les deux sensations, — tactile et douloureuse, — se succèdent sans discontinuité apparente, c’est qu’entre la douleur confirmée et l’impression du simple attouchement vient se placer un stade intermédiaire où les élémens dolorifiques commencent à secouer leur torpeur avant que ceux du toucher aient entièrement cessé de réagir.


Comme il importe au plus haut point, même pour un exposé aussi peu didactique que celui-ci, d’éviter tout reproche d’inexactitude, je crois devoir, au moment de clore cette discussion, rectifier une erreur que j’ai intentionnellement commise pour ne pas compliquer outre mesure mon argumentation. Voici en quoi elle consiste :

Chaque fois qu’il a été question des organes de la souffrance, c’est aux fibres nerveuses que j’ai attribué le pouvoir de différencier les impressions. Or, pour rester dans la vérité scientifique, il convient de faire remarquer que les nerfs proprement dits sont en réalité des conducteurs indifférens, des voies banales