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LA GRANDE MADEMOISELLE

V.[1]
LA FRONDE

Peu de crises politiques ont laissé à ceux qui en furent les témoins ou les acteurs des impressions aussi diverses que la Fronde. Prenez ce merveilleux Retz, dont les Mémoires sont l’épopée du Paris révolutionnaire ; prenez Omer Talon, l’un de nos plus grands orateurs parlementaires ; prenez l’amie de la reine, Mme de Motteville ; prenez La Rochefoucauld, duc et pair, ou Gourville, son ancien laquais ; prenez les Gaston d’Orléans, les Beaufort, les Anne de Gonzague, les Mme de Chevreuse, tous ceux et toutes celles dont nous savons les façons de penser : chacun d’eux s’est représenté la Fronde sous un aspect qui tenait à sa situation et à ses amitiés, autant qu’à son caractère et à sa nature d’imagination.

Il fallait faire un choix entre ces faces multiples d’un même sujet. C’était le seul moyen de donner quelque unité au récit, surtout dans une étude bornée, comme celle-ci, aux sentimens et opinions d’où sortirent les événemens. La Grande Mademoiselle est notre centre, le personnage à qui nous avons toujours tout rapporté : je raconterai la Fronde à travers elle, je m’efforcerai

  1. Voyez la Revue des 15 juillet et 1er octobre 1899, 15 février et 15 août 1900.