qui y apportent surtout des charbons anglais pour toutes les fabriques des environs. A l’exportation, comme sur toutes les côtes normandes, des produits agricoles et des bestiaux.
Un dernier coude de la Seine conduit à Quillebeuf. C’était autrefois ce cap aigu qui faisait à peu près vis-à-vis au Nais de Tancarville, situé en face sur la rive droite, et était précédé à 8 kilomètres environ par un autre promontoire, — le cap de la Roque, — dont la saillie, beaucoup plus abrupte encore, pouvait être considérée comme le musoir Sud de la Seine, la véritable limite du fleuve proprement dit et le commencement de l’estuaire maritime.
Entre les pointes avancées de Quillebeuf et de la Roque, une large échancrure a longtemps permis l’entrée alternative des eaux du fleuve et de la mer et formait un grand golfe demi-circulaire de près de 6 000 hectares. Ce golfe a été depuis peu comblé par les alluvions ; mais on en distingue toujours le contour, très nettement limité par une rangée de collines d’une centaine de mètres de hauteur aux versans boisés et aux pentes rapides, qui constituent les falaises du plateau du Roumois. La plaine basse et humide a même conservé un nom qui rappelle l’ancien état des lieux : c’est le marais Vernier. Comme presque partout en France, lorsqu’il s’agissait autrefois de questions de desséchemens, on a eu recours aux Hollandais, qui étaient avec raison considérés, il y a trois siècles, comme les premiers « endigueurs » du monde. Ce fut Henri IV qui les appela. A la suite d’une ordonnance du 15 novembre 1599, ils isolèrent d’abord la partie la plus rapprochée des collines par une digue qui existe encore et a conservé leur nom : « la digue des Hollandais. » La partie la plus profonde, la « Grand-Mar, » est restée toujours à l’état d’étang, mais elle communique avec la Seine par le petit canal d’assainissement de Saint-Aubin. Une seconde digue a été construite plus de deux siècles et demi après, en 1853, en avant de celle des Hollandais et a encore conquis près d’un millier d’hectares. Les travaux tout récens de la navigation de la Basse-Seine ont enfin englobé une nouvelle surface de 2 500 hectares ; et l’ensemble du territoire, désormais rattaché à la terre et définitivement séparé du fleuve et de la mer, présente aujourd’hui une superficie de près de 6 000 hectares, dont plus des deux tiers sont en plein rapport. Nulle part la nature du sol et le climat ne sont plus favorables à une transformation agricole et ne présentent de