Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/586

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portant de 1 700 à 2 000 tonneaux effectifs, y viennent d’une manière régulière, et, par certaines marées, le port est même accessible à des bateaux calant 7 mètres en pleine charge. En tout temps, à toute époque de l’année, il est facile à un bateau à vapeur de venir de la mer à Rouen au cours d’une seule marée et de redescendre à la mer sans arrêt pendant la morte-eau. Les travaux d’endiguement de la Seine ont aplani les quelques seuils qui arrêtaient quelquefois les navires pendant les basses marées. Rouen est donc aujourd’hui définitivement en communication régulière et permanente avec la mer ; il est relié par des services de bateaux à vapeur avec Bordeaux, l’Espagne, l’Algérie, l’Angleterre, l’Amérique ; et, malgré la rapide éclosion et la rivalité toujours en éveil du Havre, qui garde jalousement l’embouchure du grand fleuve, malgré l’ouverture du canal de Tancarville, qui permet aux chalands de rivière de descendre sans rompre charge de Paris jusqu’aux magnifiques bassins à flot qui ont remplacé l’ancienne plaine marécageuse de l’Heure, Rouen est resté et restera toujours un port de premier ordre, et son activité croissante ne semble pas devoir jamais décliner.

Les deux ponts qui traversent la Seine et établissent les communications entre Rouen et Saint-Sever séparent naturellement le port maritime et le port fluvial[1]. Ce dernier a près de 12 hectares de superficie et de 15 000 mètres de quais. Le port maritime a 16 hectares de plan d’eau, plus de 2 kilomètres de quais très bien aménagés, et pourra même être considérablement étendu et prolongé à l’aval, au fur et à mesure que les besoins l’exigeront. Toutes les dispositions sont prévues à cet effet pour l’avenir.

Le mouvement commercial est d’ailleurs en progression marquée depuis plus de vingt ans ; il atteint aujourd’hui plus de 3 millions de tonnes en comptant en bloc tout ce qui est manutentionné, importé, expédié ou transbordé par l’ensemble des deux ports en amont et en aval des deux ponts qui marquent la séparation de la Seine maritime et de la Seine fluviale. Plus de 1 400 000 tonnes correspondent au mouvement fluvial et sont réparties sur plus de 7 000 gabares, péniches ou chalands, circulant de Paris au Havre. Près de 2 000 000 représentent le mouvement maritime et sont importées ou exportées par les navires

  1. H. Frère, Les ponts de Rouen. Historique, 1835.