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mouillage de la plupart des navires de commerce. Ces conditions très satisfaisantes n’ont malheureusement pas suffi pour ramener à Dives le mouvement perdu, et la vie s’est portée sur la rive gauche de la rivière où Cabourg s’accroît sans cesse à mesure que Dives diminue. Les deux villes se réuniront peut-être un jour. L’activité du port semble cependant renaître depuis quelques années. Le tonnage atteint 3 000 tonnes, et la pêche y est toujours abondante. Dives, qui présente d’excellentes conditions nautiques, occupe une situation admirable au débouché d’une des plus riches vallées de cette côte normande, réellement privilégiée, et doit certainement devenir un jour un centre d’exportation pour les denrées agricoles et les magnifiques troupeaux qui, non moins que les bains de mer et d’une manière plus continue, assurent au pays de longues années de prospérité.

Les douze ou quinze kilomètres qui séparent l’embouchure de la Dives de celle de la Touques ne présentent pas, comme ceux qui précèdent entre la Dives et l’Orne, une plage uniforme de sable adossée contre une rangée de dunes. Cet appareil littoral, malgré le nombre toujours croissant de villas de toute sorte blotties dans les moindres replis, étagées sur toutes les pentes ou même audacieusement plantées sur quelques sommets fixés par des semis récens et transformés en petits bois, est en somme assez monotone. Au port de Dives, au contraire, la côte devient plus variée, d’un aspect plus pittoresque, d’un relief plus accentué. De distance en distance se succèdent des roches éboulées, des groupes de falaises déchiquetées, des collines verdoyantes et touffues qui surplombent la mer ; et les verdoyans pâturages de la vallée d’Auge se prolongent quelquefois jusqu’à la limite de l’estran.

Houlgate, le Home, Villers-sur-Mer, Bénerville, Deauville, Trouville, Criquebeuf, Vasouy, forment depuis la pointe de Beuzeval, qui commande la baie de Seine, jusqu’à Honfleur, qui est déjà dans l’estuaire même du grand fleuve parisien, une série presque ininterrompue de stations balnéaires, de villégiatures, de lieux de plaisirs, de maisons de toute nature, de villas, de chalets, d’hôtels, de palais même, sorte de prolongement, pendant trois mois de l’année, du Bois de Boulogne et du boulevard des Italiens.