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Le canal de Caen à la mer et tous les ouvrages qui en dépendent assurent, même en mortes-eaux, une profondeur de près de 5 mètres, suffisante pour la plupart des navires de commerce, tandis que l’Orne ne permet la remonte qu’aux petits bateaux à vapeur de 80 tonneaux environ qui font le service des voyageurs et de quelques marchandises pour le Havre et Rouen et n’exigent pas un tirant d’eau supérieur à 2 mètres.

Ces installations assurent au port de Caen un trafic considérable. Le mouvement commercial atteint 500 000 tonnes et est en progrès marqué. C’est du reste un de nos rares ports qui aient un fret de sortie important, grâce à l’exploitation des nombreuses carrières du Calvados d’où l’on extrait ces magnifiques pierres de taille qui ont servi à la plupart des grands édifices religieux de la Normandie et de l’Angleterre. L’exportation pour la Grande-Bretagne et la Hollande a cependant un peu baissé depuis quelques années ; elle est heureusement compensée par l’expédition toujours croissante des denrées alimentaires, des produits agricoles, des bestiaux et des chevaux. Comme partout sur nos côtes de la Manche et de l’Océan, les charbons anglais et les bois du Nord constituent la plus grande partie du tonnage importé.


VI

De l’embouchure de l’Orne à celle de la Dives, la côte présente une plage de sable à peu près continue ; et en arrière de l’estran se développe un large bourrelet de dunes blanchâtres qui masquent la vallée verdoyante. Hier encore cette barrière était nue, stérile, souvent mouvante, à peu près déserte. Les dunes sont aujourd’hui presque partout fixées, plantées et surtout peuplées d’un nombre infini de cottages, de chalets, d’hôtels ; et la vogue des bains de mer leur donne pendant trois mois de l’année une animation toute mondaine. Sur quelques points les villas se sont rapprochées et ont formé de petits groupes assez compacts ; demain ce seront des villages, dans quelques années peut-être de véritables villes qui auront toutes leurs jardins, leurs boulevards, leurs monumens, leur distributions d’eau, leurs hôtels, quelques-unes leur champ de courses, toutes leur inévitable casino et leur splendide terrasse en face de la grande mer.