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falaises escarpées, Port-en-Bessin peut être considéré comme le port de Bayeux. Ce fut même pendant plusieurs siècles, comme le nom l’indique, le principal établissement maritime de la province du Bessin. Abandonné et longtemps privé d’entretien, il s’est à peu près comblé. Le plus ancien document historique dans lequel il soit fait mention de Port est une charte de 1096, qui le désigne sous le nom de Portus piscatorum. Ce n’était plus en effet, depuis déjà trois siècles, qu’un havre d’échouage, une plage de galets au long de laquelle les pêcheurs halaient leurs barques pour les préserver contre la violence des tempêtes.

Cette déchéance a provoqué à diverses reprises des idées généreuses de restauration grandiose. On a même plusieurs fois projeté d’y dériver une partie des eaux de l’Aure, qui se perdent, immédiatement après son confluent avec la Dromme, dans les curieuses fosses de Soucy et qui jaillissent à mer basse le long de la grève. Un canal de 2 500 mètres seulement pouvait en effet y conduire les eaux de la rivière et y procurer quelques chasses qui auraient contribué utilement au dévasement du port[1]. On s’est contenté d’enraciner aux deux falaises de Huppain et de Castel, entre lesquelles se trouve la grève d’échouage, deux jetées curvilignes, de 450 mètres environ chacune, qui forment un grand bassin circulaire de 14 hectares et laissent entre leurs deux musoirs extrêmes une passe d’une centaine de mètres. Au fond du bassin, un épi maçonné divise le port en deux compartimens dont le plus petit, bordé de quais, permet l’accostage des caboteurs moyens ; mais la côte, exposée directement au Nord, est furieusement battue pendant l’hiver, et la protection des deux jetées, à peine suffisante. Le mouvement commercial ne peut guère avoir lieu que pendant l’été, et ne dépasse pas 7 à 8 000 tonnes, consistant presque exclusivement en charbons anglais et en bois du Nord. L’exportation est à peu près nulle. La pêche seule présente toute l’année une certaine activité.

Arromanches n’est qu’une petite station de pêche en tout temps, et, pendant l’été, une agréable villégiature. Le port, si on peut l’appeler ainsi, est assez bien abrité contre le vent et la

  1. Simon, Description du bassin hydrographe de l’Aure, des Fosses de Soucy, de la vallée de Port-en-Bessin. Mémoires de la Société d’Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux, 1842.