paternelle au milieu des épreuves présentes. Il encourage les congrégations, les bénit, les rassure en leur rappelant d’autres épreuves, autrement dures que celle-ci, auxquelles elles ont survécu. Sa lettre est faite pour aller au cœur de ces hommes aujourd’hui malheureux, inquiets, profondément troublés, qui se posent tous la même question, celle de savoir s’ils doivent solliciter la reconnaissance légale, et ne savent pas tous comment la résoudre. Évidemment, le pape ne pouvait pas leur imposer une règle uniforme. Toutes les congrégations ne se ressemblent pas ; il en est qui sont condamnées d’avance, et d’autres qui ont plus de chances de survivre ; les intérêts qu’elles représentent sont très divers dans la forme. Léon XIII a dû laisser à chacune d’elles, ou à ses chefs, le soin et la liberté de prendre le parti qui leur paraîtrait le plus convenable ou le plus sûr. S’ils demandent l’autorisation, il vaut mieux d’ailleurs qu’ils le fassent spontanément, au lieu de paraître obéir à un mot d’ordre venu de Rome. Quoi qu’il en soit, on sait aujourd’hui qu’il y a des autorisations demandées et qu’il y en aura davantage ; mais on ne sait pas du tout ce qu’il en adviendra devant les Chambres. Les radicaux socialistes seront certainement pressés d’aborder les discussions de cet ordre : ils voudront sacrifier tout de suite certaines congrégations en holocauste sur l’autel parlementaire. S’il ne s’agit que de quelques-unes, le gouvernement ne s’y opposera pas ; il y encouragera même ; mais il a annoncé l’intention d’en sauver quelques autres. Le spectacle ne sera pas banal. Le ministère sera appuyé par la droite et aura à se défendre contre ses meilleurs amis de la veille. M. de Mun lui a déjà fait envisager ce que cette perspective aura d’anormal. Il en résultera une confusion où la solidité de la majorité parlementaire pourrait bien se briser.
C’est au milieu de ces exercices variés que les radicaux entendent mener à bien la loi sur les retraites ouvrières et l’impôt sur le revenu ! Mais alors, pourquoi avoir combattu les vacances ? Ils en ont grand besoin pour reprendre des forces, et pour retrouver un peu de sang-froid en prévision des épreuves qui les attendent. Nous leur souhaitons quelque chose du flegme impassible de M. Waldeck-Rousseau.
Les élections qui viennent d’avoir lieu en Hollande mériteraient une étude plus étendue que nous ne pouvons la leur consacrer à la fin de cette chronique : aussi n’entrerons-nous pas dans le détail des sièges gagnés ici et perdus là, et nous contenterons-nous de déterminer le caractère général de l’événement. Le mot n’est pas trop fort, à