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pendant l’été, il faut bien convoquer les Chambres en automne, et on le fait généralement si tard que le budget n’est presque jamais promulgué le 31 décembre. Les douzièmes provisoires sont passés dans nos mœurs. Il serait du moins convenable de ne pas y recourir à la veille des élections ; malheureusement, les préoccupations électorales influent sur la discussion du budget dans un sens qui n’a aucun rapport avec la rapidité. Il se trouve, sur chaque chapitre, des députés qui demandent l’augmentation des dépenses, comme si ceux qui en profitent n’étaient pas appelés à les payer. Nous serions surpris que le budget fût voté cette année en temps opportun, d’autant plus que des discussions politiques du caractère le plus confus rempliront, on vient de le voir, les premiers jours de la session. Et ce n’est pas assez de ces discussions : la Chambre a émis la prétention de mener conjointement la discussion du budget d’une part, et de l’autre celle de la loi sur les retraites ouvrières d’abord, et celle de l’impôt sur le revenu ensuite Elle tiendra sans doute séance matin et soir, et, puisque M. Jaurès a déjà parlé d’énervement, on peut pressentir l’accélération que subira ce sentiment, ou plutôt cette impression si funeste à toutes les assemblées.

Et que fera la Chambre, que fera le Sénat lui-même en présence des demandes d’autorisation qui leur seront adressées par les congrégations religieuses en vertu de la loi récente ? Ici, nous entrons dans l’inconnu ; les précédens font défaut, on ne pourrait pas en citer un seul ; il est impossible de dire ce qui se passera, ni même comment cela se passera. Le gouvernement peut saisir à son choix l’une ou l’autre Chambre la première. Commencera-t-il par le Palais-Bourbon ? Commencera-t-il parle Luxembourg ? Ou bien, pour ne pas faire de jaloux, divisera-t-il les demandes d’autorisation en deux parties égales, une moitié pour la Chambre, une autre pour le Sénat ? Mais qui aura les jésuites ? Qui aura les assomptionnistes ? Ce sont là de graves problèmes : il en sortira sans doute d’abondantes interpellations. Nous raisonnons dans l’hypothèse où des autorisations seraient demandées ; mais est-ce bien une hypothèse, ou n’est-ce pas plutôt une certitude ? Le gouvernement fait publier des notes dans les agences pour annoncer qu’il a déjà reçu un certain nombre de demandes, et les journaux qui ont des rapports avec les congrégations assurent que certaines d’entre elles sont dès maintenant résolues à en déposer de nouvelles. Il y en aura sans doute beaucoup, et cela est désirable. Le pape a adressé aux supérieurs des ordres religieux une lettre très belle, très éloquente, très touchante, qui est avant tout une exhortation