Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette fille aux yeux peints, qui dans le faubourg traîne,
Peut-être pleurera comme la Madeleine
Sur les pieds du Sauveur posés dans son giron.
Ce voyou peut mourir comme le Bon Larron.
Aussi rien ne me lasse et ne me décourage.
Les blasphèmes, les cris de douleur et de rage
N’étoufferont jamais mon tintement sacré.
Obstinément, jusqu’à la fin, je redirai
À ces êtres perdus de misère et de vice
Que Jésus-Christ a fait pour eux son sacrifice ;
Que, s’il obtient un mot, un seul, de repentir,
D’une candeur nouvelle il peut les revêtir ;
Qu’ici-bas, sans l’espoir de la vie éternelle,
Tout est absurde et vain, qu’il faut donc croire en elle,
Et, pour la mériter, être bon, deux et pur :
Et ce peuple égaré comprendra, sois-en sûr,
— A force d’écouter mon humble airain qui vibre, —
Qu’esclave sur la terre, au ciel il sera libre,
Et verra succéder, grâce au Dieu plein d’amour,
Un paradis sans fin à son enfer d’un jour. »


FRANÇOIS COPPEE.