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Quelques bateaux de pêche seulement, un petit commerce de soude artificielle qu’on fabrique avec les varechs recueillis un peu partout dans les environs sur l’estran ou dans les anfractuosités des rochers, et une certaine exploitation de pierres de taille assez recherchées. Le granit d’Aber-Hildut en particulier peut compter parmi les plus beaux du monde, et c’est là qu’on a pris le magnifique bloc qui sert de soubassement à l’obélisque de Luxor sur la place de la Concorde.

Argenton, en face de l’Ile du Four, est la station de ravitaillement du merveilleux phare qui éclaire et commande le chenal, fièrement planté au milieu des écueils à près de trois kilomètres au large et battu de tous côtés par les vagues.

A partir de Portsal, la côte bretonne, toujours sinueuse et tourmentée, prend très nettement la direction générale de l’Ouest à l’Est ; et dans une pittoresque dépression séparée par un petit isthme débouchent les deux estuaires de l’Aber-Benoit et de l’Aber-Wrac’h. Le second surtout a été de tout temps très apprécié comme relâche ; et le vieux fort de l’île de Cezon, sentinelle avancée qui commande le chenal et la baie, est un témoignage de la protection offerte depuis longtemps aux navires qui venaient y stationner. Le mouillage y est en effet très sûr, la profondeur de près de dix mètres aux abords du chenal ; les vents du large même violens, brisés par les rochers qui émergent de tous côtés, n’y produisent pas une trop forte houle ; et les navires peuvent d’ailleurs toujours remonter le fiord à toute heure de marée sur plus de 5 kilomètres jusqu’à Paluden, qui présente encore de six à sept mètres d’eau. Malgré ces excellentes conditions, Aber-Wrac’h et Paluden sont deux ports très modestes, n’ayant pour toute installation que de petits môles-débarcadères, assez rarement utilisés.

Il est probable qu’ils étaient un peu plus fréquentés autrefois. Sur la rive droite de l’Aber-Wrac’h, en effet, presque à son embouchure, on trouve les substructions d’un oppidum celtique, qu’on désigne dans le pays sous le nom de Coz-Castell Ac’h, les ruines du château d’Ac’h. Tout autour et dans les environs, on peut ramasser de nombreuses briques romaines ; et les archéologues les plus autorisés croient devoir placer quelque part sur l’une de ses deux rives, ou dans l’île même de Wrac’h, l’ancienne ville de Vorganium qui était le chef-lieu de la cité des Osismii, la civitas Osismorum de la « Notice des Provinces, » le point