Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre quelques-unes de ces rives et la région des Vosges et des Ardennes qui sont à la même latitude ; et les hivers y sont même plus tempérés que dans quelques villes et sur certaines plages du Midi de la France et de l’Espagne.

Si la merveilleuse riviera de la Provence et de la Ligurie peut à juste titre s’appeler « la côte d’azur, » quelques parties du littoral breton justifient assez bien leur nom de « Ceinture dorée, » et la flore qui s’y développe rappelle un peu celle de Nice et de Menton. Il y règne sans doute une humidité presque constante ; on n’y voit qu’assez rarement le ciel bleu et le soleil ; l’atmosphère est toujours un peu brumeuse ; mais les arbres provençaux et même africains, le laurier-tin, le camélia, le laurier-rose y vivent en pleine terre ; et Roscoff, en particulier, possède le plus étonnant figuier qui existe peut-être au monde, couvrant un champ entier de ses rameaux entrelacés. La moiteur de ce climat exceptionnel est particulièrement favorable au développement des cultures potagères. Les légumes de toute nature abondent sur certaines parties de la côte. Les primeurs du Léonais devancent de près d’un mois celles du Nord et du Centre de la France, et les maraîchers de Roscoff approvisionnent régulièrement les marchés de Paris, de Londres et de Rotterdam.

Les mille dentelures de la côte, les innombrables criques rocheuses qui les découpent sont en outre comme d’immenses viviers à poissons et à crustacés qui ne s’écartent jamais au loin et y sont même le plus souvent tout à fait fixés ; et nulle part en France la faune marine n’est plus riche, plus variée et d’une capture plus sure et plus facile. Presque tous les Bretons qui vivent sur le bord de cette mer féconde sont pêcheurs ou jardiniers, quelquefois les deux.


II

L’entrée de la Manche pour les navires qui sortent de Brest et se dirigent vers le Nord a lieu par le chenal du Four. Quatre, petits ports, Aber-Hildut, Melon, Argenton et Portsal, jalonnent cette courbe extrême de la grande presqu’île bretonne. Tous quatre sont d’utiles relâches pour les bateaux de faible tonnage, assez bien abrités dans l’intérieur de petites criques naturelles ou précédés d’îlots qui brisent les lames du large, mais qui en revanche rendent leur entrée assez délicate. Tonnage médiocre.