par des mains qui ne peuvent vous être suspectes, que je m’étonne de votre reproche. (Vive approbation.) La commission n’avait pas à établir la peine de la surveillance ; elle existe : il s’agissait simplement d’en déterminer l’application plus ou moins étendue à un cas particulier. Le projet du Conseil d’Etat l’étendait trop, nous l’avons restreinte. » Je n’ajoutai pas que, si je m’étais refusé à cette pénalité protectrice, j’aurais compromis le sort de la loi, à laquelle, au fond, la majorité de la commission était contraire comme la majorité de la Chambre. — Je conclus par une déclaration qui contenait un défi : « Plus on attaquera cette loi, plus on élèvera contre elle de critiques, plus elle sortira triomphante et des attaques et des critiques, parce que non seulement elle a été faite avec honnêteté, mais parce qu’elle respecte et met en pratique les véritables principes. Et, si votre rapporteur pouvait désirer une compensation à certaines paroles prononcées dans cette discussion, en dehors de la bienveillance dont vous l’avez honoré, il la trouverait dans le jugement que portera l’impartiale histoire, quand elle jugera ces débats et rapprochera de la loi la violence des contradictions qu’elle a eu à subir. »
Personne ne demanda la parole contre l’article 416, qui, au dire de Jules Simon, contenait tant de venin, et, tandis que, sur l’article 415, on avait demandé un scrutin, celui-là fut voté à mains levées sans observations.
Pendant que la discussion s’achevait, j’étais sorti, et je me promenais encore tout frémissant de la violence que j’avais dû me faire pour ne pas fondre sur Jules Favre, lorsque je le vis arriver vers moi, souriant et la main tendue. Je proférai une exclamation : Oh ! oh ! Il s’inclina et s’éloigna. J’eus alors un second mouvement : le rejoindre et lui dire son fait. Il était déjà loin. Il ne me dit donc pas : « Il est trop tard. » Pas une parole n’avait été échangée entre nous. Pendant le dépouillement du scrutin, Picard et Dorian vinrent me trouver à la bibliothèque, où j’étais occupé à revoir mon discours : « Allez tendre la main à Jules Favre, il vous attend ; si cette affaire ne s’arrange pas immédiatement, elle s’envenimera. » Ils insistèrent, je fus inflexible ; « M. Jules Favre peut trouver commode, après m’avoir