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el celle des expédiens, et nous savons aussi que la conscience publique ne se trompe pas sur elles. » (Approbation sur plusieurs bancs.)

Jules Favre n’aurait pas ressenti avec tant d’amertume la dureté de mes paroles contre les pessimistes, s’il n’avait pas été l’un d’eux. Mais je m’obstinai à ne vouloir rien envenimer, et je dis : « Vous me permettrez de croire qu’il est inutile que j’affirme moi-même mon honneur et ma conscience… (Vive approbation.) — M. Jules Favre : Personne ne les conteste ! —…Et j’ai le légitime orgueil de croire que je puis, lorsque je suis en paix avec moi-même, ne me sentir effleuré par aucune parole. (Très bien !) Je répondrai seulement à celui que je persisterai à appeler mon éloquent ami, je répondrai à l’honorable M. Jules Favre en opposant une déclaration à la déclaration que vous venez de recueillir. Il a reconnu, — cela ne m’étonne pas de sa part, et cette déclaration m’a réjoui, — qu’il fallait avoir une âme perverse pour refuser le progrès par haine de la main qui l’offre. (Très bien !) Je reconnais avec lui qu’il n’est pas juste de s’abandonner aux approbations faciles qui permettent tout ; qu’il faut toujours, au-dessus des expédiens qu’un jour amène et que le lendemain condamne, placer les principes que le cours du temps confirme et qui, quelquefois obscurcis par des nuages qu’amoncellent des mains intéressées, finissent toujours par se dévoiler et briller d’un radieux éclat. (Très bien !) D’accord sur les principes et sur le point de départ, il ne reste plus qu’à rechercher si la loi proposée, que je m’honore de défendre, est un progrès, ou bien un piège indigne tendu aux ouvriers, non par notre mauvaise foi, — puisqu’on veut bien nous accorder que nous avons été loyaux, — mais par notre sottise et notre inintelligence ; de telle sorte que les ouvriers de France, que l’atelier national puisse dire, dans un langage que vous me permettrez de reproduire avec toute la vigueur des habitudes populaires, parce que moi aussi j’ai horreur de l’équivoque, de telle sorte, dis-je, que les ouvriers puissent dire : Ah ! si la loi est telle qu’on le dit, si les objections qui lui sont opposées sont vraies, en vérité, les membres de la commission ne peuvent être que des coquins ou des idiots. Peut-on concevoir que des hommes consciencieux, qui ont reçu un rayon quelconque d’intelligence, puissent accepter la situation étrange, inouïe, qu’on veut nous faire ? Comment ! des collègues qu’on appelle M.