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à autre chose dans un pareil milieu. Aux yeux des radicaux et des radicaux-socialistes qui formaient le Congrès, les dernières mesures prises sont très insuffisantes pour atteindre le but. Que faut-il donc de plus ? « La plupart des réformes promises, dit la déclaration sortie de ce concile ultra-laïque, attendent encore. Leur heure devrait avoir sonné depuis longtemps, on ne peut plus la retarder. Ce sont d’abord celles qui visent le cléricalisme. La loi contre les congrégations est déjà faite. Le pays compte qu’elle sera appliquée sans faiblesse. Il l’exigerait, si c’était nécessaire. La lutte est ouverte, il faut aller jusqu’au bout. La loi Falloux a été votée pour livrer la France aux jésuites, il faut achever de l’abroger. Nul ne peut considérer comme une institution républicaine le pacte d’alliance conclu contre la liberté entre le pontificat romain et la dictature napoléonienne renaissante. Nous ne pouvons avoir entre nous de divergences que sur le moment où il sera déchiré : le suffrage universel le décidera. »

Tel est le langage des meilleurs et peut-être des seuls amis du gouvernement actuel. Il leur a donné la loi contre les congrégations, car c’est ainsi qu’ils la qualifient eux-mêmes très justement : ils exigent déjà autre chose. Quoi ? La suppression de la liberté de l’enseignement : c’est tout ce qui reste aujourd’hui de la loi Falloux, que l’auteur de la Déclaration radicale socialiste semble confondre avec un Concordat passé avec Rome. Pour atteindre ce but, il s’adresse au pays. Le plan est clair, et nous comprenons maintenant pourquoi on était si pressé de faire voter la loi dont nous venons de parler. Lorsque les Chambres rentreront de vacances, à l’expiration de ce délai de trois mois qu’on accorde aux congrégations religieuses pour se mettre en règle, on commencera l’agitation dans les Chambres autour des demandes d’autorisation qui auront été faites. Le gouvernement, s’il tient alors ses promesses et s’il en recommande sincèrement quelques-unes, aura contre lui les trois quarts de ses amis d’aujourd’hui, et pour lui le centre et la droite. Quelle confusion ! Quelle anarchie morale ! Quelle préface aux élections ! Dans le cas où la loi nouvelle n’aurait pas produit tous les effets que les radicaux en attendent, ils commenceront, ils ont commencé déjà une campagne contre la liberté d’enseigner. M. Waldeck-Rousseau mesurera peut-être alors la portée de la faute qu’il a commise ; mais il y a des fautes qu’il est plus facile d’expier que de réparer.


Ce congrès radical, dont nous venons de dire un mot, a été annoncé avec une certaine solennité. Il a été l’objet, avant son ouverture, de