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par M., de Lamarzelle, a été que les congrégations devaient bénéficier du droit commun accordé aux associations. Ce sont des associations d’un caractère particulier, mais des associations, et il serait injuste de les priver des conditions d’existence et des garanties qu’on accorde à toutes les autres. Une opinion aussi absolue n’avait aucune chance d’être adoptée par le Sénat, et M. de Lamarzelle le savait bien ; mais il combattait pour l’honneur de ses principes. Ce ne sont pas tout à fait les nôtres. Nous avons reconnu ici même que, si les congrégations étaient des associations, elles n’étaient pas des associations comme les autres, et que, tout en leur accordant le droit de naître et de vivre, il se pouvait qu’il y eût heu de les soumettre à des règles spéciales. M. Milliard, orateur républicain du centre, a demandé qu’elles pussent se fonder en vertu d’une simple déclaration, et il leur a accordé presque jusqu’au bout l’assimilation avec les associations ordinaires ; mais, arrivé là, il a réservé à l’État le droit de les dissoudre par un simple décret, si elles étaient dangereuses ou le devenaient. Il semble que le gouvernement, muni d’une arme aussi redoutable, ne devrait avoir rien à craindre d’elles, surtout s’il consentait, comme on le lui a conseillé, à s’entendre avec les évêques et avec le Pape pour la création de tout établissement nouveau. L’amendement de M. Milliard n’a pourtant pas eu meilleure chance que celui de M. de Lamarzelle ; la majorité ne voulait entendre à rien. Elle n’a même pas été ébranlée lorsque M. Mézières est venu, dans un très beau langage et dans le sentiment patriotique le plus élevé, plaider la cause des 10 000 écoles qui enseignent hors de France la langue française, ou pour mieux dire la France elle-même à 700 000 enfans à qui elles la font aimer. Ces écoles sont presque toutes tenues par des congréganistes. M. Mézières aurait voulu que les congrégations qui envoient des missions à l’étranger fussent sauvées du danger qui menace les autres ; M. le président du Conseil s’y est refusé. Non pas qu’il méconnaisse les services qu’elles rendent ; mais, dans la confiance que lui inspire le parlement, confiance que nous ne pouvons pourtant pas qualifier de sa part de naïve, il s’est montré convaincu que les congrégations dignes d’être autorisées ne pourraient pas manquer de l’être. Ne les recommandera-t-il pas lui-même, et comment croire que cela ne sera pas suffisant ? M. Mézières a eu l’honneur de combattre, malheureusement en vain, pour l’influence française. Quel sera le contre-coup de ce vote sur nos écoles d’Orient et d’Extrême-Orient ? Nous l’ignorons. À coup sûr le gouvernement fera ses efforts pour en limiter les effets ; mais il ne les supprimera pas tout à fait ; et ce qui reste aujourd’hui de notre