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conservé quelque part, en état de vie latente, jusqu’au jour où il est tombé sur un terrain fertile. C’est d’ailleurs ce qui se produit d’une manière plus ou moins marquée pour la plupart des maladies microbiennes et même pour la malaria.

Il est vraisemblable que l’infection lépreuse naturelle se fait par certaines voies de préférence à d’autres. E. Jeanselme et Laurens ont soutenu, à la réunion de Berlin, en 1897, que la lèpre débutait ordinairement par un coryza chronique. La muqueuse nasale serait, la porte d’entrée habituelle de la contagion : le bacille pénétrerait par une érosion de la membrane ; et, alors, aux symptômes banals du rhume de cerveau, enchifrènement, obstruction des narines, s’ajouteraient des saignemens de nez abondans. De fait, le bacille se rencontre fréquemment dans la sécrétion nasale. Beaucoup de médecins pensent que celle-ci est très virulente et constitue l’un des agens habituels de propagation du mal.


VII

Que dire du traitement de la lèpre ? On l’a toujours considérée comme un mal sans remède : sa marche est lente mais irrésistible, la mort en est la conséquence plus ou moins prochaine. Elle est le fait d’un empoisonnement qui s’ajoute aux lésions locales et apparentes de la maladie, et tarit les sources de l’activité vitale. La santé générale s’altère ; le lépreux s’amaigrit, s’affaiblit et meurt de consomption s’il n’est enlevé, prématurément, par quelque maladie intercurrente.

Ni les lésions locales, ni cette intoxication, n’ont pu être combattues victorieusement jusqu’ici. L’issue en est fatale. On a préconisé, en divers pays, une foule de médications, dont une des plus efficaces consiste dans l’emploi, à l’intérieur, de l’huile de chaulmoogra (Gynocardia odorata). Ce sont là de pauvres moyens. Les essais de sérothérapie qui ont été tentés de divers côtés, à Alger, et surtout à l’Institut Pasteur d’Hanoï, autorisent, au contraire, les plus grandes espérances.


A. DASTRE.