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d’envoyer notre corps expéditionnaire en Chine. Il ne faut pas oublier en effet que la marine de guerre n’est point outillée pour embarquer des troupes, qu’elle n’a pas en quelque sorte de train des équipages ; elle doit, pour ce service, recourir aux bâtimens de commerce qui représentent, en ce cas, un élément indispensable de notre force au dehors.

Ces diverses considérations ont inspiré le projet de loi déposé le 14 novembre 1899 et qui accorde des subventions à tous les vaisseaux naviguant, sous pavillon français. Ces subventions consisteraient en primes de navigation accordées aux navires construits au France, et en « compensations d’armement » attribuées aux navires de construction étrangère, naviguant sous pavillon français. Ce projet est combattu par les constructeurs, qui demandent que l’aide de l’Etat soit réservée aux bâti mens sortis des chantiers nationaux ; les armateurs répondent que ces chantiers ne peuvent suffire à leurs commandes et qu’il est urgent de leur donner le moyen de renforcer leurs effectifs ; ils voudraient même que le traitement fût égal pour tous les navires, français ou francisés, de façon à pouvoir rapidement acquérir au dehors les vapeurs dont ils ont besoin. Quoi qu’il en soit, il est certain que le régime, institué pour dix ans par la loi du 31 janvier 1893 et qui accordait des primes extravagantes aux voiliers, devra être modifié : il a amené ce résultat invraisemblable que la France a marché en sens inverse des autres grandes nations maritimes, qui augmentent sans cesse leur flotte à vapeur et diminuent le nombre des voiliers. Chez nous, il a été construit, contre 15 ou 20 vapeurs environ 200 grands voiliers, la prime annuelle que nous leur payons n’est pas éloignée du chiffre de 15 millions de francs. Et encore cette loi désastreuse n’a-t-elle même pas atteint son but ; elle est loin d’avoir uniformément enrichi ceux en vue de qui elle était faite : la demande énorme de bâtimens de ce genre, qui s’est soudainement produite, a forcé les armateurs à accepter sans discussion, pour ainsi dire, les modèles que leur imposaient les constructeurs ; le personnel de capitaines et d’équipages n’a pu être constitué du jour au lendemain ; il y a eu des mécomptes considérables, des avaries, des pertes totales ou partielles, qui ont entraîné une hausse des primes d’assurance et réduit singulièrement les bénéfices de l’armement de ces voiliers.

Notre législation est donc à refaire ; elle est à refaire au point