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se trouve la célèbre usine de construction de torpilleurs, créée par Shichau, et qui fournit des bâtimens non seulement à l’Allemagne, mais à la Russie, à l’Italie, à l’Autriche, à la Suède, au Brésil, au Japon, à la Chine. Stettin, à l’embouchure de l’Oder, a repris une activité qu’elle ne connaissait plus depuis des siècles : sa population a passé, en trente ans, de 80 000 à 250 000 habitans. Un port franc, qu’un canal mettra en communication avec Berlin, y est en construction : une centaine de navires y accostent déjà ; au bord de l’eau se dressent des grues de 100 et 150 tonnes.

Aussi le commerce maritime de l’Allemagne représente-t-il 70 pour 100 de son commerce extérieur. En quatre ans, les relations de ses ports avec l’Amérique ont doublé. La valeur de la flotte commerciale allemande était estimée à 360 millions de francs en 1897 et à 625 millions en 1900. Le nombre des chantiers maritimes était de 7 avec 2 800 ouvriers en 1870, de 39 avec 38 000 ouvriers en 1900. La part de l’Allemagne dans les constructions navales du monde s’est élevée, de 1890 à 1899, de 6 à 12 pour 100, tandis que celle de l’Angleterre est descendue dans la même période de 81 à 75 pour 100 : cette dernière a donc perdu exactement ce que sa jeune et ardente rivale a gagné.

Après avoir constaté le développement des ports maritimes, il n’est pas sans intérêt de rappeler que la navigation intérieure de l’Allemagne a pris, elle aussi, une importance considérable dans les dernières années : l’amélioration du régime des fleuves. Et la construction de canaux a favorisé ce mouvement, qui a passé de 3 milliards de tonnes kilométriques en 1875 à 7 milliards et demi en 1895. Les conditions de vitesse, de sécurité, de bon marché des transports fluviaux n’ont cessé de s’améliorer. Le mouvement sur l’Oder était en 1895 de 643 millions, sur l’Elbe de I 952, sur le Rhin de 3 030 millions de tonnes kilométriques. Ces chiures sont aujourd’hui de beaucoup dépassés et atteignent. 10 milliards de tonnes, plus du tiers du mouvement des chemins de fer allemands. Au 31 décembre 1897, la statistique indiquait 1 953 bateaux à vapeur et 20 611 voiliers ou navires remorqués jaugeant environ 3 400 000 tonnes, comme effectif de la flotte" servant, à la navigation intérieure. Un projet de loi présenté en 1901 au Landtag prussien, demandait des crédits pour environ un demi-milliard de francs, à appliquer au grand