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experimental dock, semblable à la cuve d’expérience de Gênes, où se poursuivent les études des types de navires. Grâce à ces efforts combinés des constructeurs et des armateurs, le pavillon allemand joue un rôle dans toutes les mers. Le rapport présenté à la dernière assemblée des actionnaires du canal de Suez (4 juin 1901) cite, parmi les unités les plus puissantes qui aient traversé le canal en 1900, le Grand-Électeur (Grosser Kurfürst) du Nord-deutscher Lloyd, et le Batavia de la Hamburg-Amerika Linie ; le premier, avec un tonnage net de 9 303 tonnes, a 117 mètres de longueur sur 19 de largeur, et le second, avec un tonnage net de 8 395 tonnes, 153 mètres de long sur 19 de large. Ces dimensions sont d’ailleurs bien inférieures à celles des grands paquebots transatlantiques : le Kaiser Wilhelm der Grosse (Empereur Guillaume-le-Grand), par exemple, a un tonnage brut de 14349 tonneaux et développe 28 000 chevaux-vapeur.

Les autres ports allemands nous offriraient, si nous ne devions nous borner aujourd’hui à l’étude du premier d’entre eux, le spectacle d’une notable activité. Kiel, le grand port militaire, situé au fond d’un fiord de la Baltique, près d’Holtenau, où débouche le canal qui relie la mer du Nord à celle que les Allemands appellent la mer de l’Est (Ostsee), siège d’une des deux préfectures mari limes de l’Empire, est remarquable par son organisation, adaptée ; d’emblée à toutes les nécessités des flottes modernes, tandis que nous avons dû au contraire, dans plusieurs de nos ports, transformer, au prix de sacrifices considérables, des installations excellentes jadis pour les voiliers, sans réussir à les rendre parfaites pour les cuirassés. Les Allemands s’occupent d’ailleurs déjà d’agrandir leurs arsenaux : à Wilbelmshafen, port de guerre situé à l’Ouest de l’embouchure du Weser, sur la mer du Nord, ils ont créé deux entrées nouvelles, dont l’une sera affectée aux navires de commerce affrétés ou venant apporter du matériel ; à Danzig, ils creusent, pour les gardes-côtes, les canonnières cuirassées et les torpilleurs de la défense, un bassin profond dans l’île de Holm ; à Kiel, ils étendent l’arsenal au Sud et au Nord, en partie au moyen de terrains cédés par les chantiers de la Germania, qui appartiennent à Krupp ; les torpilleurs armés seront, à la baie de Wyk, près de l’entrée du canal Guillaume. Danzig, à l’embouchure de la Vistule, possède un chantier remarquable de construction et de réparation des cuirassés. A Elbing, près de Danzig,