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toujours communiqué directement avec le reste du monde au moyen du chenal de l’Elbe, que pendant des siècles les plus forts navires alors connus remontaient aisément. Grâce à la direction oblique de ce fleuve relativement à la mer du Nord, comme le remarque Elisée Reclus, Hambourg sert de débouché à la plupart des contrées de l’Allemagne orientale qui, à vol d’oiseau, sont cependant plus rapprochées de la Baltique ; le domaine commercial de la grande ville hanséatique forme, dans le centre de l’Europe, un triangle dont la base s’étend de Cracovie à Bâle. L’antique Hammaburg était bâtie sur l’Alster, à 2 kilomètres d’un bras de l’Elbe, auquel l’Alster a ensuite été relié au moyen d’un canal. Des travaux considérables n’ont pas cessé d’approfondir le port, et de rectifier les quais. À son embouchure, l’Elbe a une profondeur suffisante pour les navires du plus grand tirant d’eau. Près de Gluckstadt, à Brunsbuttel, débouche le canal de la Baltique, creusé à 9 mètres de profondeur ; en face, à Cuxhaven, a été établi un port de marée, ayant 8 mètres d’eau à mer basse et 11 mètres à haute mer, et qui servira, entre autres, à l’expédition des grands paquebots transatlantiques. En remontant l’Elbe, les navires qui dépassent un certain tonnage doivent encore s’alléger dans la rade de Brunshausen, à 30 kilomètres de Hambourg, en attendant que le creusement de la barre de Brunshausen soit achevé. À Hambourg même, la marée moyenne n’est plus que de 1, 80, en sorte que la ville se trouve bien placée pour servir de lieu de transbordement entre l’Océan et la navigation intérieure. Le port libre occupe une étendue d’environ 1 000 hectares. Les bassins, dont les quais ont 17 kilomètres de long et dont les hangars et entrepôts couvrent une superficie de 18 hectares, sont directement reliés par voies ferrées aux gares adjacentes et possèdent un grand nombre de grues, dont la plus forte soulève 150 tonnes[1]. Les frais de port n’y dépassent guère en moyenne la moitié de ceux que les navires acquittent en France.

Il y a trois ans, au cours de nos études publiées dans la Revue sur les finances, l’industrie et le commerce allemands, nous exposions le développement merveilleux de Hambourg et nous indiquions, au moyen de quelques chiffres, son importance pour la marine allemande et le rang qu’elle occupe dans la

  1. Rapport du consul de France.