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l’Escaut. A peine étaient-ils entrepris, que celle même Chambre, s’appuyant sur la progression constante du mouvement du port, sollicita, pour les installations (nouvelles, des proportions bien plus vastes que celles qui avaient d’abord été envisagées ; dans un mémoire du 3 juillet 1874, elle avait recommandé le prolongement des quais, au nord du Kattendyk, aussi loin que le besoin s’en ferait sentir ; la construction d’un bassin pour la grande navigation, d’un bassin spécial à pétrole, de bassins avec installations pour rails, fontes, minerais, etc. Elle insista pour la construction de 2 000 mètres de quai, au sud, avec une largeur de 200 mètres. De 1877 à 1881, le bassin du Kattendyk fut prolongé au nord et vit sa superficie augmenter de 4 hectares : trois cales sèches furent ajoutées aux trois qui existaient déjà. Le bassin de Batelage-nord, servant de port aux bateaux de l’intérieur arrivés par le canal de la Campine, fut ouvert en 1878, et reçoit un tonnage qui a plus que quadruplé dans les dernières trente années. Aujourd’hui la surface des bassins est de 64 hectares, celle des hangars de 13 hectares ; les quais ont une longueur de 11 kilomètres.

Grâce à ces travaux, le port d’Anvers est, en peu d’années, devenu l’un des premiers d’Europe. Alors qu’en 1860 le mouvement n’y était encore que de 500 000 tonnes, il atteignait, en 1867, 1 million ; en 1871, 1 million et demi ; en 1873, 2 millions ; en 1876, 2 millions et demi ; en 1880, 3 millions ; et, en 1897, 6 300 000 tonnes, plus de 12 fois le total des arrivages de 1860. Les arrivages de voiliers, qui dépassaient 2 000 en 1874, sont tombés à 459 en 1897 ; mais ceux des vapeurs ont passé de 1745 en 1870, à 4 647, non compris 547 bateaux venant par canaux de la Hollande. Le total des navires est donc à peu près le même depuis 25 ans, mais le tonnage en a quintuplé.

L’une des raisons de la prospérité d’Anvers est la franchise dont jouissent les neuf dixièmes des marchandises importées. En tout cas, les résultats différens, obtenus selon la législation appliquée à tel ou tel produit, sont bien de nature à encourager les Belges dans la voie libérale. Tandis que l’élévation des droits d’entrée sur le tabac, en 1873 et en 1883, a eu pour effet d’en restreindre le marché, celui de l’ivoire, du caoutchouc, du pétrole, des céréales n’a cessé de s’étendre. Les importations d’ivoire à Anvers ont passé, de 62 tonnes en 1891, à 361 tonnes en 1895 ; en Angleterre, elles tombaient, de 502 tonnes en 1891,