Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 4.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ANVERS, GÊNES, HAMBOURG

La face du monde a élu renouvelée par les moyens de transport et de communication dont le XIXe siècle a doté l’humanité. La vapeur et l’électricité ont rapproché les continens au point que nous atteignons la Chine ou l’Australie plus aisément que nos grands-pères n’allaient en Russie. La navigation à vapeur a joué un rôle prédominant dans cette transformation : la vitesse et la capacité des énormes bâtimens de fer et d’acier qui portent, en un voyage, plusieurs milliers de tonnes de marchandises, sans compter des centaines de passagers, ont permis au commerce international de prendre un développement tel que chaque pays s’approvisionne aujourd’hui chez tous les autres et que chacun peut obtenir les produits des contrées les plus lointaines, auxquelles il vend ceux de son sol ou de son industrie. Certes, les siècles passés avaient déjà connu la grande navigation : les Phéniciens, les Grecs, les Carthaginois, les Romains furent de hardis marins, qui multiplièrent les relations entre les peuples du bassin de la Méditerranée et au-delà ; le moyen âge, avant la découverte de l’Amérique, lança ses flottes sur bien des mers ; les Espagnols et les Portugais atteignirent des continens nouveaux et déployèrent aux yeux de l’Europe des horizons agrandis ; mais le mouvement des transactions, à ces diverses époques, était peu de chose, comparé à ce qu’il est devenu de nos jours : il s’expédie en une semaine, des ports américains, plus de tonnes de céréales qu’il ne s’en importait jadis en France au cours d’une année. En même temps que s’accroissait, dans une mesure incalculable, le volume des échanges, se produisait un autre phénomène, celui de leur concentration sur un petit nombre de points : les installations nécessaires à des navires à vapeur, dont plusieurs